L’information a provoqué une vive émotion dans les microcosmes politiques et économiques. Comme rapporté par le360, Mohamed Karim Lamrani est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi, à l’âge de 99 ans. Et, comme il fallait s’y attendre, quasiment tous les quotidiens paraissant vendredi 21 septembre reviennent sur le décès de celui qui avait, entre autres, occupé six fois le poste de Premier ministre.
C’est le cas d’Assabah qui fait le portrait de cet «homme d’Etat et des affaires» qui, alors qu’il partait de zéro, a construit sa fortune au fil des ans. Et ce n’est pas forcément grâce à ses études que le défunt est devenu l'un des hommes les plus riches du royaume, mais par le commerce, activité qui attirait, par le passé, beaucoup de familles de Fès. Profitant de sa relation privilégiée avec certains milieux français, Mohamed Karim Lamrani s’est vite trouvé une place dans son domaine d’activité à Fès, avant de se déplacer à Casablanca, ville alors florissante dans le domaine des affaires.
Bien qu’il fût connu pour avoir dirigé plusieurs gouvernements, Mohamed Karim Lamrani n’aurait jamais été attiré par la politique. Il n’a d’ailleurs été proche d’aucun parti. Mais il fut remarqué par feu Hassan II, qui découvrit en lui un redoutable homme d’affaires et décida de lui confier les rênes du plus grand établissement public de l’époque, l’Office chérifien des phosphates. Et Mohamed Karim Lamrani réussit à faire valoir son savoir-faire, en faisant augmenter significativement les ressources de l'Office. Il fut donc maintenu dans cette mission pendant de longues années, tout en se voyant également confier des responsabilités gouvernementales, en plus de la gestion de ses propres affaires.
Comme le rappelle Assabah, Mohamed Karim Lamrani, qui avait dit, dans l’une de ses rares sorties médiatiques, qu’il était né pour faire du commerce, fut nommé à la tête du gouvernement pour la première fois en 1971, après une expérience réussie dans la gestion du cabinet de l’ancien ministre des finances Abderrahim Bouabid. Un poste qu’il occupera encore cinq fois dans les années 70 et 80.
Selon l’écrivain Abdellatif Jebrou, cité par Assabah, Mohamed Karim Lamrani avait compris très tôt que la clé de la fortune était dans le maintien d'une distance avec les partis politiques et la focalisation sur ses propres affaires. Ce qui lui a valu d’être l'une des premières personnes fortunées à avoir acquis une grande notoriété dans le royaume.