«Voilà plusieurs semaines que nos dirigeants se plaisent à entretenir un climat exécrable avec le royaume voisin, autour de la question du Sahara occidental, dont ils se défendent pourtant d’être partie prenante. Mais autour de laquelle ils multiplient, néanmoins, surenchères, gesticulations et bravades verbales qui vont au-delà de la simple affirmation d’un principe». Le propos est, ici, de Mohamed Benchikou, fondateur du premier journal indépendant algérien «Alger républicain» et écrivain, auteur notamment du brûlot «Bouteflika, une imposture algérienne» pour lequel il a écopé de deux ans de prison ferme.
Dans un long article, paru sur le site «Tout sur l’Algérie», ce grand journaliste démonte la ressorts de la position algérienne concernant le dossier saharien, avertissant que les dirigeants de son pays ne pourraient se permettre de «chatouiller l’orgueil d’une nation chez laquelle il ne manque pas des va-t-en-guerre et des esprits chauvins».
«Que cherche, au fond, la diplomatie algérienne à exciter les démons de la belligérance?», s’interroge l’auteur du «Journal d’un homme libre», autre livre tombé sous le coup de la censure en Algérie.
Le déclic de cette question: un communiqué du ministère algérien des Affaires religieuses invitant les imams à «sensibiliser, durant les prêches du vendredi, les citoyens aux menaces qui pèsent sur le pays, à les inciter à défendre l’unité nationale et (…)» et «à rester unis derrière notre direction nationale».
Vous avez bien lu. Alger ressort le vieil-nouvel épouvantail de «l’ennemi extérieur», -le Maroc, s’entend-, «à un moment où l’opinion algérienne se pose des questions embarrassantes (la maladie du président Bouteflika, la prochaine banqueroute financière …)». La posture du pouvoir algérien consistant à faire diversion sur les problèmes intérieurs en pointant du doigt le Maroc et en faisant du Sahara le premier dossier de sa diplomatie est qualifiée d’«irresponsable» par Mohamed Benchikou, dénonçant des «bravades verbales» mais qui pourraient, qu’à Dieu ne plaise, occasionner une «confrontation armée» avec le Maroc.
En ce sens, l’ancien patron du quotidien «Le Matin» (censuré) loue la sagesse marocaine en affirmant : «La paix dans la région dépend, tous comptes faits, de la patience marocaine».