Mohamed Amekraz, nouveau ministre de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle, a accordé une longue interview à l’hebdomadaire El Ayyam daté du 24 au 30 octobre 2019. Tout de go, le plus jeune ministre du gouvernement El Othmani II, avocat de son état à Agadir, natif de Tiznit, président de la jeunesse PJDiste, annonce que son choix dans la short-list des ministrables par le secrétariat général de son parti l’a grandement surpris. A tel point, dit-il, qu’il a failli refuser cette promotion inesperée. Cependant, en prenant conseil auprès de ses amis et proches, il a fini, après deux jours de réflexion, par "comprendre". Il a alors décidé de relever le défi de ses nouvelles responsabilités gouvernementales.
A la question de savoir pourquoi Saâd-Eddine El Othmani a semblé farouchement défendu son intégration au nouveau gouvernement, alors qu’il est de notoriété publique qu’il appartient au clan Benkirane, et a même milité pour un troisième mandat en faveur de l’ex-SG du PJD, Mohamed Amekraz, sans nier sa proximité avec l’ex-chef du gouvernement et en l'assumant même, explique qu’un tel positionnement n’a jamais empêché ses semblables d’occuper de hautes fonctions au sein du parti ou de l’administration.
D’ailleurs, justifie-t-il, lors des élections à la présidence de la jeunesse du PJD, en février 2018, son nom a été placé par le secrétariat général en troisième position sur la liste des candidats, ce qui ne l’a pas empêché d’être élu secrétaire national à la majorité du Congrès national de la jeunesse du PJD.
L’interviewer ne manquera pas de soulever cette contradiction entre ces deux positions du secrétariat général du PJD qui vouait, hier, Mohamed Amekraz aux gémonies en tentant de l’empêcher de devenir patron de la jeunesse, et qui lui déroule le tapis rouge aujourd’hui en le proposant comme haute compétence du parti, éligible à un poste de ministre.
En réponse, le nouveau ministre de l’Emploi estime que sa présence au sein du gouvernement relèverait d’un «message clair que l’Etat a voulu transmettre à travers ma nomination». A savoir que les critiques et la libre expression des jeunes sont les bienvenues, et «tel sera toujours mon credo, dans le respect de la loi et d’autrui bien sûr». L’autre message qu’on peut tirer de cette nomination, «c’est que l’Etat lance ainsi un appel à la jeunesse en vue d’investir le champ politique». Plus explicitement, Mohamed Amekraz déclare qu’en réalité, ce n’est pas seulement la proposition de son parti qui l’a propulsé au gouvernement, mais d’abord et en priorité la volonté du roi Mohammed VI.