«Nous avons entre les mains un certain nombre d’éléments à vérifier, notamment des plaintes concernant l’incapacité de débattre librement, les lieux de détention, les personnes retenues etc. Le gouvernement algérien nous l'interdit», a déploré Michel Tubiana le président d’Euromed Droits, dans une déclaration à la MAP.
Michel Tubiana a précisé que les visas d’accès en Algérie ont été apposés sur les passeports des membres d’Euromed, mais à la veille du départ de la mission «nous avons reçu un appel téléphonique nous informant que ces visas ont été annulés», a-t-il expliqué.
Le président d’Euromed Droits, qui s’est dit convaincu qu’il ne pouvait y avoir une autre tentative de voyage en Algérie pour le moment, dans ces conditions.
Il a ajouté que son organisation se déplaçait librement dans d’autres pays du Maghreb et établissait ses rapports sur la situation des droits de l’homme, excepté en Algérie.
«Je vais en Tunisie et je critique le gouvernement tunisien. Je vais au Maroc et je critique le gouvernement marocain. Si le gouvernement algérien en a assez de voir nos rapports sur les événements de Ghardaïa ou le manque de liberté d’association (etc.), cela signifie qu’il a peur de son ombre», a ajouté le président d’Euromed Droits.
Dans un communiqué rendu public, le 2 novembre dernier, Euromed Droits a affirmé que des membres de l’organisation s'étaient vus refuser leur visa d’entrée en Algérie.
Euromed Droits voulait mener une mission sur la situation des droits et libertés au sein des camps de Tindouf en Algérie et rencontrer des interlocuteurs individuels, des témoins ou des victimes des violations des droits humains.
Elle rappelle que dans les mois précédents elle avait «tenté d’obtenir des visas auprès des autorités algériennes par deux fois sans que ces tentatives aboutissent. Soit en raison de l’annonce tardive de la délivrance des visas, soit en raison du refus avéré de la délivrance d’un visa à au moins un des membres de la mission».
Elle ajoute que «lors de la troisième tentative, alors que les visas semblaient avoir été accordés à tous les membres de la délégation, l’ambassade d’Algérie à Bruxelles a fait savoir, à moins de dix jours du départ, que tous les visas accordés étaient annulés», notant que jusqu’à présent, les autorités algériennes n’ont pas justifié les raisons de ce refus.
Il est à rappeler qu’Euromed Droits avait à maintes reprises établi des rapports sur la situation des droits de l’homme en Algérie.
En avril dernier, elle avait commémoré l’anniversaire de l’adoption par le Parlement européen d’une résolution sur les droits de l’homme en Algérie et adressé, à cette occasion, des lettres à Federica Mogherinia, la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, ainsi qu'au président du Parlement européen, les appelant à exiger des autorités algériennes le respect des droits de l’homme dans ce pays.
Dans ces lettres, Euromed Droits affirme vouloir obtenir de la part des autorités européennes, des informations sur les mesures concrètes prises par l’Union européenne pour mettre en œuvre les recommandations de la résolution du Parlement européen sur l’Algérie.
Adoptée le 30 avril 2015, la résolution du Parlement européen interpellait l’UE sur les violations graves des droits de l'homme en Algérie. Elle appelait les autorités algériennes, la vice-présidente de la Commission, la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, le Service européen pour l'action extérieure, d'inclure dans le futur plan d'action UE-Algérie, un chapitre important sur les droits de l'homme.
Un volet qui doit s'accompagner d'un calendrier de réformes à entreprendre par l'Algérie, avec la participation essentielle de la société civile indépendante.
La résolution demande également au Service européen pour l'action extérieure et aux États membres de suivre de près l'ensemble des procès et procédures judiciaires à l'encontre des défenseurs des droits de l'homme et des militants pour le droit au travail en Algérie.