L’affaire du casino Es Saadi revient sur le devant de la scène. La cour de cassation a fixé la première audience au 27 novembre prochain après un processus judiciaire qui a duré 15 ans.
Auparavant, le tribunal de première instance de Marrakech avait condamné l’accusé principal, ex-président de la commune de Menara, Abdellatif Abdouh, à cinq ans de prison ferme tandis que cinq de ses adjoints et quatre conseillers avaient écopé de différentes peines de prison.
La cour d’appel de Marrakech a confirmé ces jugements le 26 décembre 2020 pour corruption, abus de pouvoir, abus de biens sociaux et dilapidation de deniers publics. Le scandale a éclaté quand l’ancien président de l’Instance nationale de protection des biens publics (INPBPM), Mohamed Ghalloussi, avait déposé une plainte auprès du parquet contre les responsables de la commune, rapporte Al Ahdath Al Maghribia.
Dans un message posté sur Facebook, Ghalloussi a indiqué que ce dossier est resté pendant sept ans entre les mains de la Brigade nationale. C’est ce qui avait poussé l’INPBPM à adresser une autre plainte à Mustapha Ramid, alors ministre de la Justice, l’informant du retard pris dans le traitement de ce dossier. Il lui a fait savoir que «ce retard est dû aux relations étroites qu’entretenaient les accusés avec des personnalités de haut rang». L’avocat et juriste a indiqué que l’Association marocaine pour la protection des biens public (AMPBP) avait déposé des plaintes à ce sujet auprès du président du ministère public et du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) sur la perte de temps judiciaire suite à de multiples reports injustifiés.
Les faits remontent à 2006 quand un enregistrement sonore a fuité sur l’opération douteuse de cession d’un terrain municipal au prix de 30 millions de dirhams impliquant l’ex-président de la municipalité de Menara, Abdellatif Abdouh. Un terrain sur lequel a été construit l’hôtel Es Saadi à la suite d’un accord entre le pacha de Marrakech de l’époque (1930) et une société française. Laquelle société a hérité d’un terrain d’une superficie de 12.000 m2 au prix symbolique d’un franc français le m2. L’accord prévoyait que ladite société rétrocèderait à la ville de Marrakech la propriété composée du foncier, des constructions et des équipements après 75 ans d’exploitation.
La jouissance de la location du terrain devait s’interrompre en 2005 mais le conseil de la municipalité de Menara, dirigé alors par l’istiqlalien Abdellatif Abdouh, avait décidé en 2001 de vendre ce terrain à l’hôtelier à raison de 600dh/m2 alors que la valeur estimative de ce terrain dépassait, à cette date, 15.000 dh/m2.
L’affaire devra connaitre son épilogue quand la cour de cassation rendra un arrêt d’irrecevabilité ou un arrêt de déchéance.