Le gouvernement vient d’autoriser les entreprises chargées de construire la centrale thermoélectrique et le nouveau port de Safi d’importer de la main-d’œuvre asiatique, réputée très bon marché, affirme le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 2 mai.Selon le journal, le groupe sud-coréen Daewoo, attributaire de ce marché, a notamment déjà fait venir plus de 200 ouvriers en bâtiment, originaires des Philippines, qui ont rejoint leurs postes de travail dans le chantier de la centrale, à Safi, il y a quelques semaines. Selon le journal, ces ouvriers devraient permettre d'accélérer les travaux de construction qui accusent un retard notable.
Le journal s’étonne que ce recours à la main-d’œuvre asiatique intervienne au moment où le ministère de l’Emploi et des affaires sociales s’est engagé, devant les élus et les autorités locales, à recruter pas moins de 4800 demandeurs d’emploi dans la région de Safi. Et ce, pour répondre à une offre d’empoi équivalente dans différents chantiers de la région, comme le nouveau port, la centrale thermoélectrique, le parc éolien, l’autoroute et le complexe phosphatier, tous en cours de réalisation. Cependant, au lien de cela, les entreprises adjudicatrices des marchés de réalisation de ces projets, estimés à 60 milliards de DH, ont préféré traiter avec la main-d’œuvre turque et asiatique, originaire notamment des Philippines et d’Indonésie.
Selon une association locale des diplômés au chômage, l’antenne locale de l’ANAPEC a donné son accord au recrutement de 190 employés d’origine asiatique. La main-d’œuvre locale est en train d’être remplacée par celle, meilleur marché, importée d’Asie.Or, d'après les récentes statistiques, affirme le journal Al Akhbar, Safi enregistre l’un des plus hauts taux de chômage du pays. Le taux d’inoccupation moyen y est estimé à 12%, alors qu’il est de 9% à l’échelle nationale.
Pendant ce temps, ajoute le journal, le recrutement de la main-d’œuvre étrangère, originaire des pays asiatiques, se fait en contournant la loi. Les employés issus de ces pays, explique la même source, arrivent au Maroc avec des visas touristiques. Ils sont, ensuite, engagés comme ouvriers dans différents chantiers de la région, sans aucun contrat de travail. Ils résident par groupes de cinq personnes dans des logements économiques loués à cet effet et sont renvoyés chez eux, pour être remplacés par d’autres, une fois leur visa expiré. Naturellement, comme ils ne sont pas déclarés, ils ne paient pas d’impôts, ne bénéficient d’aucun avantage social ni d'assurance maladie ou accident de travail.