Mohamed Abdelaziz, on le savait, était gravement malade. Mais son évacuation, la semaine dernière, vers un hôpital italien s’est faite dans la discrétion la plus totale. «Le chef du front Polisario a subi une crise d’asthme aiguë qui a nécessité son évacuation d’urgence vers un hôpital en Italie», révèle Al Massae, dans son édition du 7 au 8 février. «Le déplacement de Mohamed Abdelaziz a été tenu secret par les services du renseignement militaire algérien, de crainte que le vide dû à son absence ne suscite des remous dans les camps de Tindouf où la colère enfle déjà sur fond de révélations accablantes sur les détournements d’aide humanitaire par les caciques du Polisario, avec la complicité coupable des responsables algériens», explique le quotidien, en référence au rapport établi et rendu publique dernièrement par l’Office anti-fraude (OAF), relevant de l’Union européenne.
«Moins d’un mois après son évacuation vers Cuba pour se soigner d’un cancer, Mohamed Abdelaziz s’est à nouveau déplacé à l’étranger pour le traitement de sa crise d’asthme», relève le quotidien, en indiquant que l'absence inexpliquée du chef du Polisario lors du sommet de l’Union africaine, tenu le 30 et 31 janvier Adis Abéba, en Ethiopie, avait dopé les rumeurs sur sa santé chancelante. «C’est la première fois que Mohamed Abdelaziz s’absente des travaux de l’UA», fait remarquer le quotidien, en indiquant que la machine de propagande algéro-séparatiste avait essayé en vain d'escamoter cette absence en diffusant des photos anciennes montrant le chef des mercenaires aux côtés des chefs d’Etat africains lors de précédents sommets panafircains.
Vide sidéral à la tête du Polisario
La santé titubante de Mohamed Abdelaziz remet sur le tapis la question taraudante sur sa succession, d’autant que cette question est frappée au sceau du tabou par les barbouzes du département algérien du renseignement et de la sécurité, le DRS d'Ahmed Medine. Une posture qui n’est évidemment pas pour «rassurer» sur le devenir déjà improbable d’une direction polisarienne corrompue, dépassée par les événements, qui plus est chahutée par la population séquestrée. «La détérioration de l’état de santé du chef de Mohamed Abdelaziz soulève autant de points d’interrogations sur l’avenir de la direction du Polisario et celui de la gestion des camps de Lahmada Tindouf», indique Al Massae, qui se fait l’écho de la colère grandissante au sein d’une population séquestrée qui ne sait plus à quel saint se vouer. Le déclin de Mohamed Abdelaziz annoncerait-il, finalement, le déclin d’une utopie séparatiste qui n’a que trop duré ?