Le ministre d’Etat chargé des droits de l’homme, Mustapha Ramid, a été vivement critiqué par les députés de la chambre des représentants. Il n’a pas été ménagé ni par l’opposition, ni par la majorité, ni encore par son propre parti, le PJD, sur le sujet très controversé des libertés individuelles.
Les chefs des groupes parlementaires de tous bords l’ont interpellé sur la dégradation de la situation des droits de l’homme, le retour du phénomène de l’excommunication (Attakfir), l’ambiguïté dans la création des associations, l’interdiction des manifestations et les restrictions imposées aux ONG dans la présentation des pétitions.
Le président de groupe parlementaire de l’USFP, Chokrane Amam, s’est dit très déçu par la réponse de Ramid qui, dit-il, n’a pas rappelé à l’ordre certains chioukhs de la salafiya «Jihadia». Ces islamistes, ajoute le député, n’ont pas tenu leurs promesses en menant une campagne tendancieuse contre la liberté d’opinion sur des sujets divergents ayant trait au code pénal. Ils ont même créé, enchaine-t-il, des tribunes takfiristes sur les réseaux sociaux.
Le quotidien rapporte, dans son édition du samedi 9 novembre, que le socialiste a poursuivi en affirmant que la réponse du ministre n’était pas convaincante et n’a pas défendu le rang des démocrates. Il a été on ne peut plus catégorique quand il a fustigé le ministre islamiste: «Au lieu d’être l’avocat des libertés, Ramid a encouragé les islamistes radicaux à poursuivre leur opération de sabotage visant à détruire l’édifice de la tolérance marocaine». Le dirigeant socialiste a ajouté que Ramid n’a pas mis en exergue la voix du gouvernement pour affronter le radicalisme et s’est contenté de répéter des propos ambigus.
Le ministre des droits de l’homme lui a répondu avec la subtilité d’avocat qu’on lui connaît sans toutefois trahir un iota de ses convictions religieuses: «La liberté d’expression est garantie pour tout le monde et n’est soumise à aucune restriction sauf celles définies par la loi. Encore faut-il rappeler que ces restrictions visent le respect les droits d’autrui, la préservation de la sécurité nationale, l’ordre public, la santé et la moralité publique».
Ramid s’abrite sous le parapluie des lois en affirmant que seules les dispositions de la constitution et le programme gouvernemental sont contraignants pour le gouvernement. Autant dire, ajoute le ministre, que le gouvernement n’est pas concerné directement par un débat sociétal entre ses diverses composantes.
Pour sa part, Omar Abbassi, membre du groupe istiqlalien, a rétorqué que plusieurs associations des droits de l’homme ont constaté un recul dans le domaine de la protection des libertés. Le gouvernement a commis des abus en resserrant l’étau sur les associations pour les empêcher de présenter des pétitions visant à apporter des amendements aux lois. Le gouvernement exerce son hégémonie sur la législation parlementaire en ignorant les propositions de loi des partis, ajoute le député.
Même le député du PJD, Reda Boukmazi, a critiqué certaines parties qui, dit-il, ciblent le droit à l’appartenance syndicale et politique ainsi que la liberté d’opinion. De son côté, Fatima-Zahra Bersat du PPS, estime nécessaire que la constitution soit évaluée après plusieurs années de mise en œuvre. Elle a, par ailleurs, appelé le gouvernement à veiller à la protection de l’enfance, au recours à l’analyse de l’ADN pour déterminer l’identité du père biologique en cas de viol ou de grossesse en dehors du mariage.