Les technocrates appelés à se constituer en parti, Benchaâboun prend leur défense

Mohamed Benchaâboun, ministre de l'Economie et des Finances . DR

Revue de presseKiosque360. Des dirigeants de partis politiques ont déclenché une guerre contre les ministres technocrates du gouvernement El 0thmani II. Lachgar, Mediane et Ouahbi parlent d’atteinte à la démocratie et de mépris des électeurs. La contre-attaque du ministre Benchaâboun ne manque pas de subtilité.

Le 04/11/2019 à 20h52

Quelques semaines après la constitution du gouvernement II de Saâd-Eddine El Othmani, certains dirigeants des partis ont tiré à boulets rouges sur les ministres technocrates. Driss Lachgar (USFP), Noureddine Mediane (Istiqlal) et Abdellatif Ouahbi (PAM) se sont donné le mot pour les attaquer sans ménagement. Une attaque en règle qui n’a pas laissé de marbre le ministre des Finances et de l’économie, Mohamed Benchaâboun, qui a contre-attaqué rapidement, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du 5 novembre.

Il faut dire que le Premier Secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar, n’y est pas allé de main morte pour charger les ministres sans affiliation politique: «Il faut que les technocrates, qui sont en force dans le gouvernement actuel, descendent dans l’arène de la société. Ils n’ont qu’à adhérer à un parti politique de leur choix ou créer leur propre parti s’ils ne sont pas convaincus par ceux existants. La compétence dans sa conception politique signifie courage, audace et capacité de prendre une décision conjuguée à un savoir technique».

Le président du groupe islqlalien à la Chambre des représentants, Noureddine Mediane, a été plus direct en s’en prenant à un ministre technocrate, décrété membre du PI mais qui n’a assisté qu’une seule fois à la réunion du bureau politique. Il l’a interpellé de manière on ne peut plus virulente: «Nous ne pouvons pas accepter des ministres technocrates à moins de baisser les rideaux partisans et de fermer les sièges des partis. Ils doivent rejoindre les partis pour suivre une formation politique, car la prédominance des technocrates est une hérésie démocratique».

Lors d’une réunion de la Commission des finances, le ministre de l’Economie et des finances a subtilement répondu aux critiques des députés: «La nouvelle structure du gouvernement avec la totalité de ses membres, qu’ils soient politiques ou apolitiques, n’est que la continuité de l’équipe qui a bénéficié de la confiance institutionnelle, en 2017, sur la base d’un contrat incarné par le programme gouvernemental. Ce faisant, la responsabilité politique du gouvernement est bel et bien réelle et continue de s’exercer dans le cadre de ses engagements».

Le ministre a rappelé aux détracteurs des ministres non partisans que la plupart des gouvernements dans le monde font appel à des technocrates. Ces derniers, ajoute-t-il, travaillent dans le cadre d’un programme qui encadre la politique de ces gouvernements. C’est ce qui se passe au Maroc, enchaîne Benchaâboun, avec la nouvelle architecture du gouvernement El Othmani qui a été formé sur la base des instructions royales. 

Plusieurs membres de la Commission des finances ont vivement critiqué la prééminence des technocrates au sein du gouvernement. Le député du PAM, Abdellatif Ouahbi, connu pour son penchant pour le clivage, a tout bonnement qualifié la présence des technocrates d’«atteinte au choix démocratique et de non-respect de la volonté de l’électeur».

Par Hassan Benadad
Le 04/11/2019 à 20h52