Le groupe parlementaire du PJD a adressé au gouvernement une correspondance dans laquelle il lui demande des explications sur la subvention exceptionnelle accordée aux entreprises de presse. Cette subvention, annoncée dernièrement par le ministre de la Culture, Othman El Ferdaous, vise à aider les médias à surmonter la crise financière qui les a frappés suite aux trois mois de confinement. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du lundi 13 juillet, que cette initiative des parlementaires islamistes a été prise sous la pression d’un ex-ministre. Lequel est lié par des relations d’amitié et d’intérêt avec un président qui se serait senti lésé par cette subvention inédite dont vont bénéficier toutes les entreprises nationales de presse.
Ce sont les employés de ces médias qui en profiteront, en percevant les salaires des trois prochains mois. Ceci étant, personne ne s’est étonné de la réaction des islamistes qui ont toujours essayé de contrôler le paysage médiatique. D’autant que, malgré leurs victoires successives lors des dernières élections, ils n’ont jamais réussi à créer un journal, ni un site web de référence qui puisse intéresser les lecteurs.
Cette impossibilité de disposer d’une presse performante et crédible a poussé les dirigeants de ce parti à recourir à d’autres supports pour faire entendre leurs voix. Certains journaux connus sont devenus leurs porte-parole, tout comme des sites de petite envergure, qui se sont mis à fourmiller dans le but de parasiter les entreprises médiatiques crédibles. Cette nouvelle formule de subvention destinée aux entreprises et aux salariés du secteur va rencontrer une opposition chez ceux qui ont profité, par le passé, d’une aide mal répartie de l’Etat. Ceux-là mêmes qui sont défendus aujourd’hui par le PJD au Parlement, malgré tous les dysfonctionnements qui avaient entaché l’aide dont les salariés du secteur n’ont perçu que des miettes.
Le quotidien Al Akhbar, qui traite le même sujet dans son édition du lundi 13 juillet, s’étonne que le groupe parlementaire islamiste adresse une correspondance sur ce sujet au chef du gouvernement. Le PJD veut ainsi exercer sa tutelle sur le ministre de la Culture et sur le secteur de la presse en faisant circuler de fausses informations, pour semer la confusion dans le paysage médiatique. Le parti qui dirige le gouvernement accuse le ministre d’avoir accordé cette subvention aux seuls membres de l’Association nationale des médias et des éditeurs, nouvellement créée. Ce qui est absolument faux car l’accord conclu avec le ministre permet à toutes les entreprises de presse remplissant les conditions requises de bénéficier de cette subvention.
Autant dire que le groupe parlementaire du PJD s’est trompé de cible car, au lieu de verser dans les fausses allégations, il aurait dû s’intéresser au rapport de la Cour des comptes sur ce sujet. La juridiction de Driss Jettou avait, en effet, pointé du doigt plusieurs dysfonctionnements dans la gestion de la subvention publique accordée au secteur de la presse du temps de l'ancien ministre Mustapha Khalfi, de surcroît d’obédience PJDiste.