"Le Développement humain, après 2015". Tel est le thème édifiant de la 69ème Assemblée générale des Nations unies inaugurée, mardi dernier, à New York. Vu d’ici, le thème onusien n’est pas à conjuguer seulement au futur. Voilà 15 ans (bien quinze ans) que le train du développement humain est en marche dans le royaume. Le message est politiquement très fort. Au moment où le Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, se préparait à lire le discours du roi devant l’assemblée générale de l’ONU, à l’aube de ce glorieux vendredi 26 septembre, à New York, le souverain était à Casablanca pour inaugurer la plus grande gare ferroviaire en Afrique ! Voilà, le mot est lâché. L’Afrique, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a résonné comme un leitmotiv dans le discours onusien du roi. "Dans son Discours devant l’AG des Nations unies, le Roi a évité d’évoquer, comme le font nombre de Chefs d’Etat, les réalisations de son pays, ses préoccupations allant au-delà des frontières nationales pour cerner la problématique du développement de tout le continent", certifient les principaux titres dans leur édition à paraître ce week-end. "Le roi africain invite le monde à choisir entre le soutien à la stabilité dans les pays en voie de développement et les conséquences du radicalisme, de la violence et du terrorisme", titre Al Ahdath Al Maghribiya, qui reprend l’intégralité du discours royal lu par le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, devant les dirigeants des 193 Etats membres de l’Organisation des Nations unies
Alternatives prometteuses
"Un Discours qui sort des sentiers battus du "politiquement correct" et qui, en détricotant la problématique du développement humain en Afrique, propose des alternatives prometteuses au statu quo sous-développemental qui affecte actuellement ce berceau des civilisations qu’est l’Afrique", décrypte Al Ahdath Al Mahribiya, en passant en revue les messages critiques portés par le Roi à l’adresse de cet Occident «faiseur de leçons» et qui semble se complaire à distribuer aux autres ses "notes" biaisées et discutables à tous points de vue. "Si le Discours royal devant l’ONU s’inscrit dans le prolongement de celui adressé, à Abidjan, en février dernier, il s’en démarque par la force de son ton critique et sa clarté déconcertante", relève le quotidien, dans un texte introductif du message royal. Le même constat est relevé chez Akhbar Al Yaoum, qui titre : "Dans un message inédit, Mohammed VI attaque de front les politiques africaines de l’Occident". "Le roi attribue la responsabilité du sous-développement en Afrique à l’ancien colon qui a exploité ses richesses et l’énergie de ses habitants, modifié les us et les cultures de ses peuples, semé la division entre les enfants d’un même peuple et développé les germes des conflits entre les voisins", rapporte Akhbar Al Yaoum, en référence au Discours royal. Or voilà, "certains Etats occidentaux, qui n’ont demandé l’autorisation de personne pour coloniser les pays du sud, au lieu d’apporter le soutien nécessaire aux peuples de ces pays, s’obstinent à leur imposer des conditions drastiques qui entravent leur évolution naturelle vers le progrès", fait valoir le quotidien Al Ittihad Al Ichtiraki, qui se fait l’écho de "l’appel du roi pour le respect des spécificités de chaque pays dans son itinéraire national, et de la volonté qui est la sienne d’édifier son propre modèle de développement". En somme, un appel sincère à rendre justice aux Etats du Sud, qui passerait nécessairement par une reconsidération par l’Occident de son approche (unique et inique) de la problématique du développement.
Pour une valorisation du capital immatériel
"Le Roi s’en est pris, dans son Discours, aux modèles de notation et de classement des pays du Sud", rapporte Al Khabar. "Pour le Souverain, l’opération de notation de ces Etats selon les paramètres en vigueur actuellement suscite de nombreuses interrogations", enchaîne la publication. "Ces critères ont montré leurs limites et, souvent, leur décalage par rapport à la réalité des Etats du Sud, ainsi que leur incapacité à présenter une image objective sur le niveau de développement humain dans ces pays". Problème, et pas des moindres : "Les aides de l’Occident, déjà faibles malheureusement, sont accordées souvent sur la base de ces classements, et à des conditions intenables", fait remarquer le roi. "Nous préconisons donc que le capital immatériel figure désormais parmi les principaux critères de mesure et de classement de la richesse des Etats". "L’évolution des Etats ne devrait être assujettie à aucune notation ou classement. En revanche, elle devrait être perçue et traitée comme un processus historique, se fondant sur les accumulations positives de chaque pays, dans le respect de ses spécificités", conclut le souverain, dans un discours qui fera certainement date.