La crise qui a déchiré le Parti de la justice et du développement (PJD) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS), suite à la suppression du Secrétariat chargé de l’Eau et, par conséquent, du départ de Charafat Afailal, serait dissipée. A en croire le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, qui se penche sur ce sujet dans son édition de ce jeudi 20 septembre, les deux partis ont enterré la hache de guerre. Le différend politique provoqué par cette affaire, qui avait suscité bien des polémiques, serait désormais réglé.
A ce propos, les déclarations du chef du gouvernement et du secrétaire général du PJD, Saâd-Eddine El Othmani, lors de la dernière session du Conseil national de son parti, ont été déterminantes et concluantes. Le patron de la Lampe a su absorber la colère des «camarades de Nabil Benabdallah» en les rassurant quant à l’importance de cette alliance pour mener à bien le chantier des réformes lancées. Une alliance politique, a souligné le leader de la Lampe.
Cette sortie politique du chef du gouvernement a eu un impact positif dans le camp des camarades de Benabdallah qui ont réagi, lors de la dernière réunion du bureau politique du PPS, en reportant la session extraordinaire du comité central du PPS, initialement prévue samedi prochain en vue de trancher sur la question de rester au gouvernement ou de se retirer. Cette réaction a d’ailleurs été confirmée au quotidien par une source au sein du bureau politique du parti du Livre. «Les déclarations de Saâd-Eddine El Othmani, secrétaire général du PJD, et son attachement à l’alliance politique avec le PPS, ont été pris en compte au sein du bureau politique pour gérer cette crise», a confié cette source au quotidien, ajoutant que l’approche de l’ouverture de la session d’automne du Parlement, prévue pour le deuxième vendredi du mois d’octobre, a également pesé dans la décision du PPS de reporter sine die la session extraordinaire de son comité central.Quoi qu’il en soit la crise a été dissipée, mais à quel prix?
A ce propos, le quotidien Al Akhbar affirme, dans son édition du même jour, que «Nabil Benabdallah a lâché Charafat Afailal pour rester au gouvernement». En effet, poursuit le quotidien, le secrétaire général du PPS, qui avait menacé de se retirer de la coalition gouvernementale au cas où le secrétaire général du PJD ne donnerait pas d'explications claires et convaincantes sur les raisons de la suppression du Secrétariat d’Etat chargé de l’Eau, a opéré une véritable volte-face en reportant la session extraordinaire du comité central du parti, lors de la dernière réunion du bureau politique du parti du Livre. D'ailleurs, affirme le quotidien, les arguments avancés par le PPS dans le communiqué de son bureau politique ne sont pas convaincants.
Ainsi, des sources d’Al Akhbar précisent que Benabdallah a évoqué la probabilité d’un «séisme politique» pour justifier la décision de reporter la session extraordinaire du comité central à une date ultérieure, sans aucune précision. Les mêmes sources font savoir que Benabdallah aurait demandé à ses camarades de patienter puisqu’un «scénario politique, qui se profile à l’horizon, devrait changer la configuration du gouvernement».
Ce report de la session du comité central du PPS en vue de trancher sur la question de rester ou pas au gouvernement a également été abordé par le quotidien Akhbar Al Yaoum, dans son édition du 20 septembre. Pour le quotidien, le PPS aurait agi de la sorte en raison des tiraillements qui le déchirent. En effet, font savoir des sources d’Akhbar Al Yaoum, un clan est monté au créneau pour demander le retrait du PPS du gouvernement, en réaction à l’intimidation dont le parti ne cesse de faire l’objet, tandis qu'un deuxième clan, soutenu par des élus et des notables, préfère rester au gouvernement puisque les ministres du parti aident les militants à trouver des solutions aux attentes des citoyens dans les régions.
Il faut dire que, quels que soient les arguments présentés et les lectures médiatiques effectuées, le PJD a bien su gérer le virage politique pour maintenir l’alliance Lampe-Livre, qui en est sortie fragilisée, certes, mais se maintient malgré tout.