Une initiative émanant d'un groupe de membres du parti, dont des jeunes, vient accentuer le clivage entre les deux principaux clans du PJD. Le bureau du Conseil national vient en effet d'annoncer, par voie de communiqué, qu'il avait accepté la requête adressée par ce groupe. Une requête qui comporte, entre autres, un appel à l'organisation d'un congrès extraordinaire. Le bureau du Parlement du parti islamiste est même allé jusqu’à saluer cette initiative, annonçant qu’il avait décidé de lui donner suite, dans le cadre de ce que permettent les statuts et les règlement du parti, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 21 septembre.
Le quotidien rappelle que les auteurs de cette requête se sont d'abord adressés au secrétariat général, mais le directeur du parti les a éconduits. Abdelhak El Arabi, qui est aussi conseiller du chef du gouvernement chargé des Affaires sociales, affirme avoir agi de sa propre initiative, estimant que les porteurs de ce document, qui ne sont pas même membres du Conseil national, n'ont pas qualité de soumettre une telle requête à la direction du parti. L'incident a soulevé un vif débat au sein du PJD et suscité l’intérêt de l'opinion publique. Le Conseil national, dirigé par un membre éminent du clan Benkirane, l'ancien ministre délégué au budget Driss El Azami, actuellement maire de Fès en l’occurrence, a décidé de sauter sur l'occasion.
Il a effectivement appelé immédiatement à une réunion du bureau du Conseil national, précise Al Ahdath Al Maghribia. Réunion qui a été entièrement consacrée à l'examen de cette requête qui, a-t-on souligné auprès du Conseil national, «émane des membres du partis qui demandent la tenue d'un congrès extraordinaire». L'organe décisionnel du PJD a, par la même occasion, insisté sur le fait que cette démarche respecte parfaitement les procédures et les statuts du parti. Mais de là à la mettre en œuvre, c'est une autre affaire. Aussi, le Conseil national se contente-t-il d'annoncer que la requête avait été soumise à la commission concernée pour examen des problématiques qu'elle pose et proposition de solutions concertées.
D'autres sources au sein du parti, citées par le quotidien, assurent que cette initiative est l’œuvre de personnes inconnues au bataillon qui ne sont ni membres du premier rang ni des rangs suivants au sein de la hiérarchie du parti. D'autres sources soulignent que c’est le secrétaire général, Saâd-Eddine El Othmani, qui a, lui même, refusé de réceptionner cette requête, «étant donné que les personnes qui sont derrière ne sont pas membres du Conseil national». Un avis que ne partage pas le président de cet organe décisionnel, réputé d’ailleurs très proche de l'ancien secrétaire général.
De toutes les manières, relève le quotidien, quelle que soit la qualité de ses instigateurs, cette requête a eu pour effet d'attiser à nouveau les différends au sein du PJD et de faire remonter la tension d'un cran au sein de la formation. D'autant que ses auteurs tentent à tout prix de prouver que leur initiative n'a rien à voir avec l'ancien secrétaire général, ni même avec les appels qui se font entendre ici et là pour son retour sur la scène politique. Ils affirment, au contraire, que cette initiative émane des bases du parti, les instances dirigeantes étant frappées d’une certaine «paralysie».