Le PJD est-il en train de vivre un remake de la crise de 2015?

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Revue de presseKiosque360. A la veille des élections de 2015, le PJD était au bord de l’implosion. Le chef du gouvernement était très critiqué, les militants étaient invités à ne plus soutenir l’action gouvernementale et rien n’allait plus dans la direction du parti. Le parti est-il en train de revivre la même situation?

Le 19/03/2021 à 20h31

Rien ne va plus au PJD. Son conseil nation, prévu ce week-end, s’annonce déjà houleux. Faut-il pour autant s’attendre à un clash? Peu probable. Pourtant, toutes les conditions de l’implosion sont réunies. Le parti se désolidarise du gouvernement qu’il dirige, les démissions fusent de partout, depuis les responsables et les membres des antennes locales jusqu’aux dirigeants. Certains ont annoncé le gel de leurs activités alors que d’autres se sont déjà trouvé un point de chute. Tout le monde est contre tout le monde.

Saad-Eddine El Othmani, le secrétaire général, est dans une mauvaise posture. Cela rappelle à peu de choses près le scénario que le parti islamiste a déjà vécu, il y a six ans, au début de 2015, note l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition parue vendredi 19 mars.

Comme aujourd’hui, ce ne sont pas les scandales qui manquaient. Les dirigeants étaient déjà à cette époque peu regardants côté valeurs et morale.

Lors d’une réunion du conseil national, en janvier 2015, Saad-Eddine El Othmani, alors président de cette instance, avait appelé ouvertement les membres du parti à ne pas hésiter à s’opposer à la direction du parti et au gouvernement. Ce qui en dit long sur les rapports alors très tendus, et c’est le cas aujourd’hui aussi, entre le président du conseil national et le chef du gouvernement. El Othmani critiquait vivement le secrétaire général pour sa gestion du parti, mais aussi pour la manière dont il a conduit les négociations de formation du gouvernement Benkirane II, après le départ de l’Istiqlal.

Certains ministres étaient également pris à partie. Aziz Rebbah a été particulièrement vilipendé pour avoir estimé que rien n’empêchait une probable alliance entre le PJD et le PAM. Un sacrilège à l’époque. Le même ministre vient de vivre une situation identique. Il a déclaré qu’en tant que membre du gouvernement, il ne voit aucun inconvénient dans le fait de se rendre en Israël. C’est pour dire que, comme aujourd’hui, le PJD était alors au bord de l’implosion. Ce qui l’a sauvé? Les élections, affirme l’hebdomadaire. Celles locales et régionales lui ont permis, quelques mois plus tard, de caser plusieurs de ses membres, principalement les jeunes et les cadres. Les législatives ont fait le reste. Le PJD a raflé la mise en 2016. Ce qui s’est traduit par des sièges de parlementaires pour les jeunes, pour les dirigeants de deuxième et de troisième génération et surtout par des postes de cabinards pour les membres de la jeunesse.

Aujourd’hui, avec la réforme des lois électorales, il ne sera plus possible de faire élire autant de cadres et de jeunes. Diriger le futur gouvernement est encore plus loin d’atteinte. Ce qui posera un sérieux problème d’alternance au sein du parti. Son système de désignation des candidats n’est pas favorable au renouvellement des élites. Cela au moment où la morphologie du parti et les équilibres internes ont connu une grande altération. On le sait, note La Vie éco, le PJD est formé à la base de trois catégories: les idéologues issus de la mouvance islamiste, les oulémas et prédicateurs. Les commerçants, les fonctionnaires et les autres cadrés formés localement constituent la troisième catégorie.

A la faveur des élections et pour répondre aux besoins du parti en cadres, cette dernière catégorie s’est hypertrophiée, c’est d’ailleurs l’un de ses représentants qui préside aujourd’hui le conseil national. C’est la catégorie dont le parti aura le plus de mal à satisfaire les ambitions, faute de mécanismes clairs et transparents de démocratie interne. Le parti ne pourra plus compter sur les élections pour contenter tout le monde et amortir les chocs internes. En 2015, Abdellah Bouanou, alors chef du groupe parlementaire, avait dit que le danger qui pourrait menacer le PJD ne pouvait venir qu’émaner de ses rangs. Ce danger semble aujourd’hui plus réel que jamais.

Par Amyne Asmlal
Le 19/03/2021 à 20h31