Le partis islamiste enchaîne les défaites électorales, dans les élections partielles ou locales, depuis les communales d’Imintanout jusqu’aux récentes élections partielles à Errachidia. Entre les deux scrutins, le PJD a essuyé des revers électoraux un peu partout, à Settat, Agadir, El Jadida, Taroudant et Guelmim, ou encore, tout récemment, à Mohammedia où il a perdu la présidence du Conseil de la ville. La liste est longue. Et ce n’est pas seulement des sièges que le PJD perd, mais également des dizaines de milliers de voix dans des circonscriptions considérées pourtant comme ses fiefs électoraux, commente le quotidien Assabah dans son numéro du lundi 18 janvier.
C’est un fait, les électeurs se sont détournés du parti. Non seulement les promesses qu'il leur a servies, notamment concernant la lutte contre le corruption, n’ont pas été tenues, mais le parti islamiste qui gère, en plus du gouvernement, la plupart des grandes villes, s’est embourbé dans des questions et des débats marginaux qui n’ont rien à voir avec le vécu quotidien de ses électeurs et des citoyens en général. Résultat, un recul de popularité si évident, par rapport aux élections de 2011 et 2016, que les autres formations politiques tiennent aujourd’hui pour acquise sa défaite imminente aux élections de 2021. Il suffit de quelques réglages techniques au niveau des lois électorales pour que cette défaite se concrétise sur le terrain, assure le quotidien.
Naturellement, cette dégringolade n’a pas manqué de provoquer des tensions internes qui ont affecté sérieusement la cohésion du parti, au point que celui-ci subit des défections successives de ses membres, dont un grand nombre pourtant bien placé dans la hiérarchie de son organisation. Sa gestion des affaires publiques, le manque de démocratie interne et l’omniprésente du Mouvement unicité et réforme (MUR) dans toutes ses décisions sont aujourd’hui dénoncées par ses propres membres.
Malgré tout cela, relève le quotidien, il s’en trouve encore parmi les analystes, et même certains dirigeants du parti islamiste, qui rejettent catégoriquement le scénario d’une défaite électorale du PJD en 2021. Pour eux, c’est juste une tactique qui a déjà réussi auparavant au parti sous les commandes de l’ancien secrétaire général Abdelilah Benkirane. En d’autres termes, le PJD aurait fait exprès de perdre les élections, les unes après les autres, pour que les autres partis le considèrent comme fini et s'endorment sur leurs lauriers. Et, le moment venu, il les surprendra avec un troisième mandat à la tête du gouvernement. Cela avait déjà marché avec le PAM en 2016, alors pourquoi pas en 2021, estime-t-on.
D’autant, souligne le quotidien qui reprend une idée qui fait, depuis un certain temps, son chemin parmi les élites du parti islamiste, que les élections partielles ne reflètent pas la réalité des choses et ne sont pas à prendre comme un indicateur de la popularité du parti. Et ce malgré que le parti ait perdu à Errachidia près de 20.000 voix et aux élections partielles d’Agadir plus de 30.000 voix. Une réalité que le PJD refuse de voir en face. Pour lui, si son candidat a été vaincu par l’USFP à Errachidia -le PJD est arrivé troisième après l’USFP et le RNI-, c’est parce que des considérations tribales ont beaucoup joué dans ces élections. Dans toutes les autres étapes, à Settat, Mohammedia, El Jadida, le parti a toujours trouvé une explication à sa défaite. Et, immanquablement, cette explication n’a rien à voir avec les échecs qu’il a cumulés dans la gestion des affaires publiques, aussi bien au niveau national que local.