Le Parlement européen prend position dans l'affaire de l’arrêt du Gazoduc Maghreb-Europe

Le Parlement européen au cours d'une séance de travail.

Le Parlement européen au cours d'une séance de travail. . DR

Le président de la Délégation du Parlement européen pour les relations avec les pays du Maghreb (DMAG), Andrea Cozzolino, a rendu public, mercredi 3 novembre, une déclaration dans laquelle il estime que la décision algérienne d’arrêter l’approvisionnement de l’Europe en gaz via le Gazoduc Maghreb-Europe «est une source de grave préoccupation».

Le 03/11/2021 à 18h43

L’accord d'approvisionnement rompu par l’Algérie «concerne directement, non seulement le Maroc, mais aussi l'Union européenne», a rappelé Andrea Cozzolino, notant que «quelles que soient les raisons qui ont motivé une telle décision, l'utilisation de l'approvisionnement en gaz comme moyen de pression ne saurait constituer une solution appropriée».

"Ceci est particulièrement vrai dans la période actuelle de forte tension sur les prix de l'énergie, lorsque ce sont les citoyens européens qui risquent d'en faire les frais", a-t-il expliqué.

Le président de la DMAG a appelé «le gouvernement algérien à reconsidérer cette décision et à reprendre la voie du dialogue».

«J'appelle également le Service européen d'action extérieure et la Commission européenne à engager une initiative diplomatique afin d'encourager les autorités algériennes à revoir leur décision», a ajouté Andrea Cozzolino.

La décision unilatérale de l'Algérie de ne pas reconduire le contrat d'approvisionnement de l'Europe en gaz via le GME qui traverse le Maroc a suscité de nombreuses réactions de la part de responsables politiques et de députés européens qui y voit un chantage envers l'Europe.

Pour le député européen Dominique Riquet, en visant le Maroc, l'Algérie "atteint l'Europe à un moment particulièrement inopportun", notant que par ailleurs, "cette fermeture sera à terme porteuse de conséquences sur les revenus de l'Algérie".

Dans le même contexte, le haut représentant de l’UE pour la politique étrangère et la sécurité, Josep Borrell, a été officiellement saisi sur cette question par le Parlement européen.

Dans une question écrite adressée par l’eurodéputé Antonio Tajani, ancien président du Parlement européen, et l’europarlementaire Massimiliano Salini, le chef de la diplomatie européenne a été interpelé au sujet de cette décision unilatérale de l’Algérie qui met en péril les intérêts stratégiques de l’Europe.

De son côté, Eric Besson, ancien ministre français de l’Industrie et de l’Energie, a réagi à la décision unilatérale de l’Algérie, s’insurgeant contre "le chantage implicite" d’Alger à l’égard des Européens.

"Du Maroc où je réside à nouveau, j’assiste avec tristesse à la spirale absurde dans laquelle se place l’Algérie avec son principal voisin. Après avoir inélégamment ignoré la main tendue par le Roi du Maroc lors de son discours du Trône, avoir prétendu que les incendies de l’été dernier avaient été fomentés par des Marocains, interdit le survol de son territoire aux avions portant pavillon marocain, l’Algérie vient de décider unilatéralement de fermer le robinet du gazoduc Maghreb-Europe", a déclaré l’ancien ministre français.

"Ce nouveau palier se veut tout autant une pierre supplémentaire dans le jardin voisin qu’un chantage implicite à l’égard des Européens", a-t-il dénoncé.

"Il faut désormais espérer que les dirigeants algériens reviendront vite à la raison et à une meilleure appréhension des intérêts humains, économiques et sociaux des Algériens eux-mêmes, des Maghrébins et de l’indispensable coopération étroite entre le Maghreb et la France d’une part, le Maghreb et l’Union européenne d’autre part", a indiqué Eric Besson.

Le 03/11/2021 à 18h43