Le Maroc mérite mieux qu’un récit paresseux!

Jamal Belahrach.

TribuneJamal Belahrach, militant du Maroc en mouvement, réagit à la série d’articles à charge du quotidien français «Le Monde» contre le roi Mohammed VI. Il pointe un doigt accusateur sur un récit tendancieux, obéissant au prisme d’une certaine gauche française épidémiquement hostile à la monarchie et note à juste titre que «le Maroc n’a pas besoin d’être sauvé. Il a besoin d’être respecté».

Le 30/08/2025 à 12h25

Il y a des moments où le silence devient complicité. Quand un grand journal français (il le fut) se permet, depuis sa tour parisienne, de publier une série d’articles sur le Maroc sous couvert d’analyse, mais sans nuance, sans terrain, sans mémoire, il faut répondre.

Quand le récit déforme la réalité

Pas pour nier les défis. Mais pour rétablir une vérité: celle d’un pays qui avance, qui se transforme, qui doute parfois mais qui tient debout. Fier. Digne.

Je ne suis ni diplomate ni journaliste. Je suis un enfant de ce pays. Franco-marocain de surcroît. Je suis de ceux qui croient que le Maroc n’a pas besoin de tutelle idéologique pour se réinventer.

Il a besoin de respect. Et de vérité.

25 ans de transformation silencieuse

Les faits sont têtus. En vingt-cinq ans, le Maroc a plus que doublé son PIB. De 40 milliards de dollars en 1999, nous sommes passés à plus de 140 milliards aujourd’hui. Ce n’est pas une statistique, c’est une réalité tangible: des routes, des ports, des centrales solaires, un TGV, des villes en mutation, une diplomatie assumée.

Le tout, sans pétrole ni gaz.

Le Maroc n’a pas attendu qu’on lui dise quoi faire pour bâtir Tanger Med, pour devenir un acteur incontournable de l’énergie verte, pour accueillir des centaines d’investisseurs africains et internationaux, pour moderniser son agriculture, pour éduquer une jeunesse connectée.

Oui, tout n’est pas parfait. Mais tout a changé. En profondeur.

Un Maroc qui rayonne au-delà de ses frontières

Le Maroc, ce n’est pas seulement une trajectoire économique. C’est aussi une image internationale qui s’est consolidée au fil des années.

Un Maroc respecté pour son rôle dans le dialogue des civilisations, pour son soft power religieux fondé sur un islam de tolérance et de coexistence multiconfessionnelle, qui inspire bien au-delà de ses frontières africaines et arabes.

C’est aussi un pays qui vit un véritable momentum, symbolisé par l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations en 2025 et de la Coupe du Monde 2030.

Ces événements sportifs ne sont pas qu’un spectacle: ils incarnent une fierté nationale, une ouverture internationale et une formidable dynamique d’investissement.

À travers le royaume, les grands chantiers en cours, dans les infrastructures, l’éducation, la santé, les villes intelligentes ou les énergies renouvelables, dessinent déjà les contours d’un autre Maroc, moderne, ancré dans ses valeurs, son histoire mais tourné vers l’avenir.

Un pays en tension fertile, pas figé dans le cliché

Le Maroc est un pays en tension créative. Entre tradition et modernité, entre aspirations populaires et défis systémiques, entre élite urbaine et territoires en attente. Cette tension-là, elle est féconde.

Elle nous pousse à débattre, à remettre en cause, à inventer. Pour ma part, cela fait 27 ans que je le fais. Mais elle n’a rien à voir avec les caricatures figées que certains médias affectionnent, à mi-chemin entre roman orientaliste et procès politique.

Ce Maroc multiple, vivant, inventif, ne se lit pas dans les colonnes d’un journal parisien. Il se vit. Dans les écoles qu’on réforme, le préscolaire et la couverture maladie que l’on généralise. Dans les villages où l’eau et l’électricité arrivent enfin. Dans les femmes qui entreprennent. Dans une jeunesse nombreuse et connectée qui constitue un dividende démographique salutaire pour l’avenir.

Ce que ces articles disent de leur époque, pas de la nôtre

Il y a toujours eu deux lectures du Maroc depuis la France. Celle des diplomates, des amoureux sincères du pays, des chercheurs sérieux, des binationaux engagés. Et celle d’une certaine gauche moralisatrice, qui voit dans chaque pays du Sud un «régime» à corriger.

Il y a aussi, ne soyons pas naïfs, des influences régionales. Des voisins hostiles. Des intérêts concurrents. Des rancunes idéologiques.

Depuis la normalisation des relations maroco-israéliennes et l’évolution de la position française sur le Sahara, certains ne digèrent pas ce changement. Et cela transpire. Même dans les colonnes d’un grand quotidien.

Oui, le Maroc a une doctrine diplomatique, ne vous en déplaise, et elle est efficace.

Mais est-ce encore du journalisme, ou du règlement de comptes diplomatique déguisé?

Le Roi est le Maroc. Le Maroc est le Roi. Et le peuple avance.

J’avais écrit, lors du tremblement de terre d’Al Haouz, que “Le Roi est le Maroc. Le Maroc est le Roi”.Ce n’est pas un slogan. C’est une réalité historique, politique, affective. Le lien entre le Trône et le peuple n’est pas un pacte d’apparence. C’est un ancrage de 12 siècles. Cela a un sens.

Oui, le Maroc d’aujourd’hui est dirigé avec méthode, silence parfois, vision souvent. Oui, il y a des attentes. Mais il y a aussi des fondations solides, une monarchie qui agit, et un peuple qui soutient au-delà des clivages, au-delà des projections idéologiques.

Nous n’avons pas besoin d’être sauvés. Juste d’être respectés.

Qu’on critique le Maroc, très bien. Qu’on interroge ses choix, ses lenteurs, ses failles: c’est utile. Mais à condition d’écouter aussi ses réussites, ses dynamiques, ses citoyens.

Ce que nous refusons, c’est le regard condescendant. Le récit paresseux. Le fantasme néocolonial, déguisé en reportage. Ce que nous attendons, c’est un regard adulte. Lucide. Fraternel.

Notre pays a encore du chemin. Mais il le trace avec fierté. Et c’est cette fierté que je défendrai, encore et toujours.

Jamal Belahrach, militant de la première heure, citoyen engagé.

Par Jamal Belahrach
Le 30/08/2025 à 12h25