Mohamed Kandil, juge au tribunal de première instance de Laâyoune, s’oppose au «verdict» du ministère de la Justice et le fait savoir. «Je revendique de comparaître devant le Roi en tant que président effectif du Conseil supérieur de la Magistrature et non devant le ministre de la Justice, Mustapha Ramid», a affirmé le juge, en réaction à la décision de sa «suspension provisoire» et le transfèrement de son dossier devant le Conseil supérieur de la Magistrature. «Pour l’heure, aucune décision officielle ne m’a été notifiée», relève le juge, dont les propos sont rapportés par Al Massae, dans son édition de ce jeudi 8 janvier.
Dans un communiqué, le ministère de la Justice a annoncé «avoir suspendu Mohamed Kandil, juge au tribunal de première instance de Laâyoune», en attendant de le déférer devant le Conseil supérieur de la Magistrature. Selon ce communiqué, cette décision serait justifiée par des faits «attentatoires à l’honneur et à la respectabilité de la Justice».
Un responsable au ministère de la Justice, cité par Al Massae, a allégué que le juge «suspendu» souffrirait de «troubles psychiques», ajoutant que le ministre Ramid lui aurait suggéré une affectation dans un autre tribunal en raison des nombreux problèmes qu’il aurait avec le président du tribunal de première instance de Laâyoune, le procureur du Roi et les huissiers de justice. Seulement voilà, ce n’est pas ainsi que le juge l’entend.
«Je préfère la démission à la non-application de la loi»
Réagissant à cette offre présumée du ministre de tutelle, le juge Kandil a précisé «préférer la démission à la non-application de la loi», rapporte Al Massae. Pour rappel, le juge avait dénoncé dernièrement sur son compte Facebook des faits qui ressembleraient à un «abus de pouvoir» en publiant un enregistrement de ses discussions avec le président de la première chambre de Laâyoune. En effet, le juge se plaint de son incapacité à appliquer la loi en précisant que ses problèmes datent du jour où il a rendu un jugement en faveur de Bank al-Maghrib contre l’un des puissants notables à Laâyoune accusé de vouloir faire main basse sur un lot de terrain enregistré au nom de ladite banque.
Saisissant le ministre de la Justice au sujet de cette affaire, ce dernier n’aurait pas fait le nécessaire, à en croire le juge, qui accuse le ministre de «cautionner la corruption» en lui imputant le même fait qui lui est reproché, en l’occurrence la violation du principe de la respectabilité.