Le débat sur le droit des MRE à participer aux échéances électorales est remis sur le tapis en vue des élections législatives de 2021. Le gouvernement précédent avait refusé l’amendement des lois régissant les élections et s’était opposé à la participation directe des Marocains résidents à l’étranger. Benkirane et compagnie avaient justifié ce refus par l’incapacité de l’Exécutif à assurer la logistique nécessaire en se contentant de soutenir le vote par procuration. Une députée du PJD s’est désolidarisée de la position des islamistes, considérant que le vote par procuration constitue une injustice envers les MRE. Il s’agit de l’actuelle ministre déléguée chargée des MRE, Nezha El Ouafi, qui a appelé à un consensus sur ce sujet lors de la séance des questions orales, tenue lundi à la Chambre des représentants.
Le consensus sur le vote des Marocains résidents à l’étranger fait, selon un député, couler beaucoup d’encre et de salive. En effet, les dirigeants de partis politiques ont multiplié les rencontres avec la communauté marocaine à l’étranger, où ils ont ouvert plusieurs antennes. Le groupe du PAM à la Chambre des représentants a demandé au gouvernement d’appliquer les dispositions de la Constitution sur ce sujet en rappelant que «l’article 17 donne des droits de pleine citoyenneté aux Marocains du monde, y compris le droit de vote et de candidature dans les élections locales, régionales et nationales».
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mercredi 23 octobre, que le PAM a trouvé un allié inespéré auprès du PJD, son adversaire invétéré. Le dirigeant islamiste Slimane El Amrani a, lui aussi, appelé à la mise en œuvre de l’article 17 de la Constitution en précisant que «le vote par procuration des MRE a montré ses limites et n’a plus de valeur. La Constitution garantit aux Marocains résidents à l’étranger le droit de vote et de candidature à partir de leurs pays de séjour». Dans sa réponse, la ministre déléguée chargée des MRE a appelé à ouvrir un vaste débat sur le vote et la candidature des Marocains résidents à l’étranger. Nezha El Ouafi estime que, pour réaliser cet objectif, il est «nécessaire d’avoir une vision claire et une perception globale du vote et de la candidature des MRE afin de créer un consensus national à même d’activer l’article 17 de la Constitution».
L’article 17 stipule que «les Marocains résidents à l'étranger jouissent des droits de pleine citoyenneté, y compris du droit de vote et d’éligibilité. Ils peuvent se porter candidats aux élections au niveau des listes et des circonscriptions électorales locales, régionales et nationales. La loi fixe les critères spécifiques d'éligibilité et d'incompatibilité. Elle détermine de même les conditions et les modalités de l'exercice effectif du droit de vote et de candidature à partir des pays de résidence». Il faut rappeler que, du temps du gouvernement Benkirane, le ministre de l’intérieur, Mohamed Hassad, avait reconnu l’incapacité du Maroc à installer des bureaux de vote dans plusieurs pays à l’instar des Etats-Unis, entre autres.