«La maladie de Bouteflika a réduit son énergie», avoue le chef de cabinet de la présidence algérienne

Ahmed Ouyahya, chef de cabinet de la présidence algérienne.

Ahmed Ouyahya, chef de cabinet de la présidence algérienne. . dr

Première réaction publique du chef de cabinet du président algérien, Ahmed Ouyahia, sur fond de controverse suscitée par une photo tweetée, il y a une semaine, par le Premier ministre français Manuel Valls, montrant Bouteflika extrêmement affaibli et le regard absent.

Le 18/04/2016 à 11h11

Une première sortie officielle qui nous change des déclarations lénifiantes sur une présumée «bonne santé» du président algérien Abdelaziz Bouteflika. Celle du chef de cabinet de la présidence algérienne, Ahmed Ouyahia, également secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND). Dans un message adressé aux militants de son parti, relayé par le site «Algérie patriotique», le chef de cabinet de la présidence algérienne reconnaît que «la maladie de Bouteflika a réduit son énergie». 

Un aveu qui, relevé dans la bouche d’un proche des proches de Bouteflika, tord le cou aux allégations officielles selon lesquelles le locataire du Palais El Mouradia serait en pleine possession de ses facultés physiques et intellectuelles.

Cet aveu, quoique à rebours des mensonges tissés officiellement au sujet de la santé de Bouteflika, n’en reste pas moins problématique. Le tweet posté par le Premier ministre français, Manuel Valls, à l’issue de la réunion de haut niveau du comité intergouvernemental, à Alger, démontre bien plus qu’une «réduction d’énergie». C’est l’image d’un Bouteflika extrêmement malade, hébété, le regard absent, à peine tenant sur l’accoudoir de sa chaise, qui a été renvoyée par le tweet de Valls.

Un tweet sur lequel Ahmed Ouyahia trouve d’ailleurs à redire, autant que le clan Bouteflika qui ne fait aucun mystère de son agacement à l’égard du pouvoir français en place. «L’atteinte à l’image du président Bouteflika est une manœuvre coordonnée par certains entre Paris et Alger», accuse Ouyahia, dénonçant ce qu’il a appelé ces «revanchards français qui ne veulent pas admettre que l’Algérie est bien indépendante».

«Ces colonialistes revanchards acceptent encore moins que l’Algérie défende ses intérêts régionaux, ou qu’elle dénonce les atteintes à ses propres institutions, à leur tête de la République, ou, mieux encore, que l’Algérie défende ses intérêts économiques», s’insurge Ouyahia. Celui-ci ressort cette théorie fumeuse du «complot» chère à l’establishment algérien, selon laquelle le pays des «martyrs» serait menacé davantage par des ennemis extérieurs que par ses propres démons !

Cela dit, une chose reste sûre : la sortie d’Ouyahia n’enlève rien à la vérité sur l’incapacité inquiétante de Bouteflika à diriger l’Algérie. D’autant plus inquiétante que la question de sa succession reste le secret le mieux gardé dans ce pays à la dérive.

Par Ziad Alami
Le 18/04/2016 à 11h11