Il faut des années, et même des décennies, pour que la «République de Macron» assimile enfin que des flots d’eau sont passés sous les ponts et que le changement chez les peuples, les sociétés et les États est inéluctable. Il faut des années pour qu’elle comprenne que le temps du mandat, du protectorat et du colonialisme est révolu. C’est un fait, les États dignes, au passé glorieux vont immanquablement se relever, écrit le quotidien Assabah dans l’édito de son édition du lundi 18 septembre.
Or, poursuit l’éditorialiste, les actions du président Macron et son comportement, qui relèvent de l’infantilisme politique, montrent clairement qu’il n’arrive pas à comprendre cette réalité. Ou du moins une partie de cette réalité. Ce qui va sans doute accentuer son isolement au sein même de la classe politique et des élites de son propre pays. Le piège se referme ainsi sur lui.
Les événements successifs montrent que ce comportement du président français a fait que son pays continue de régresser jour après jour aussi bien sur le plan politique que diplomatique et même économique et militaire.
Durant cette dernière semaine, et alors que le Royaume est meurtri à cause du violent séisme qui a frappé dans le Haut Atlas, la France a montré ce qu’il y a de pire en elle. Elle a montré son mauvais visage. Et pendant ce temps, alors que ses médias se déchaînent contre le Maroc et les déclarations politiques s’enchaînent, le président semble jouer le rôle du maestro.
Croyant, ou feignant de croire que le pays s’est effondré et qu’il n’y a plus de gouvernement ni d’institutions debout, il a pris la liberté de s’adresser directement, depuis les couloirs de l’Élysée, au peuple marocain, sans aucun respect pour le pays. Tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, il ne peut plus bouger sans faire de dégâts dans les relations entre les deux pays.
Les membres de son gouvernement ne font pas mieux. Les déclarations de sa ministre des Affaires étrangères en est l’exemple parfait. En plein déchaînement médiatique et diplomatique sur le Maroc, la réponse du Royaume ne s’est pas fait attendre, cinglante et ferme, écrit de son côté le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans sa livraison du même jour. Contrairement à ce qu’a annoncé la cheffe de la diplomatie sur une chaîne française depuis le Caire, en Égypte, la visite du Macron au Maroc dont elle parle n’est ni programmée, ni même à l’ordre du jour.
On se rappelle tous, poursuit le quotidien, comment le président français, encore grisé par une visite triomphante en Algérie, avait annoncé son hypothétique visite au Maroc. Au sortir d’un concert de musique, quand on lui a demandé s’il allait visiter aussi le Maroc il avait affirmé que oui, et lorsqu’on lui a demandé la date, il a annoncé que ce serait en octobre. Il s’agit bien du mois d’octobre de l’année dernière.
C’est dans les mêmes conditions, à peu de chose près, que sa ministre vient d’annoncer qu’il ne reste plus qu’à fixer une date pour cette visite. Non seulement ses propos ont été démentis par une source gouvernementale officielle marocaine, mais cette dernière s’étonne que la ministre ait pris cette initiative unilatérale et se soit donnée la liberté de faire une annonce non concertée concernant une échéance bilatérale importante. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la ministre agit de la sorte, rappelle un spécialiste des relations internationales cité par le quotidien. Il y a quelques mois, en visite au Maroc pour mettre fin à la crise des visas, elle avait déjà annoncé cette visite pour le premier trimestre de l’année en cours.