La démission de Ramid, ou quand une rumeur vient confirmer la scission au sein du PJD

Mustapha Ramid, ministre d'État chargé des droits de l'Homme.

Mustapha Ramid, ministre d'État chargé des droits de l'Homme. . DR

Revue de presseKiosque360. Selon un membre du gouvernement, la démission de Ramid ne serait, finalement, qu'une invention des partisans de Benkirane. Une rumeur destinée à servir des calculs politiques étriqués, à la veille du congrès du PJD.

Le 03/09/2017 à 20h20

Mustapha Ramid n’aurait jamais eu l’intention de démissionner. Selon le quotidien Assabah, la démission du ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme ne serait, finalement, qu’une rumeur nourrie par les partisans de Benkirane. «Il s’agit d’une fausse information et ceux qui la colportent, à l’intérieur ou à l’extérieur du parti, le font pour nuire au gouvernement El Othmani, qu' ils souhaitent ardemment voir échouer dans sa mission», affirme un membre du gouvernement et dirigeant du PJD, cité par le journal dans son édition du lundi 4 septembre. 

Ce responsable du parti islamiste s’est d'ailleurs dit étonné de voir certaines parties propager cette information au moment où Ramid mène un combat acharné, au sein du PJD, contre le renouvellement, pour une deuxième fois, du mandat du secrétaire général du parti, Abdelilah Benkirane. Le ministre d’Etat n’a, à ce propos, jamais fait mystère de son opposition au changement des statuts du parti et, donc, à l’éventualité d’un troisième mandat pour Benkirane.

Bien plus, affirme le journal, pour tordre le cou à cette rumeur, le ministre d’Etat a tenu, à plusieurs reprises, à exprimer ouvertement et en public son soutien à Saâd-Eddine El Othmani et au gouvernement qu’il dirige. Ce qui fait dire à ce membre du gouvernement, cité par Assabah, que «la démission de Ramid n’est finalement que l’œuvre de l’imagination des alliés de Benkirane. Ils l’ont inventée pour servir des calculs politiques étriqués, à la veille du congrès national du parti».

Le journal souligne, par ailleurs, que Ramid n’a ni infirmé ni confirmé sa prétendue démission. Certains ont ainsi vu, dans l'attitude réservée du ministre d'Etat, une menace de démission, en cette période mouvementée pour ce qui touche aux droits de l'Homme. D’autres analystes y ont vu une tentative de gagner du terrain et, notamment, les voix et le soutien des militants du parti dans la course au poste de secrétaire général. Des proches du chef du gouvernement affirment, quant à eux, que l’objectif d’une telle rumeur est de créer un climat de tension au sein du PJD et de la majorité gouvernementale pour affaiblir l’Exécutif, en cette rentrée politique, confirmant donc la scission que vit le parti.

A noter que la supposée démission de Mustapha Ramid a été révélée, le 16 août dernier, par Akhbar Al Yaoum, quotidien réputé proche du clan Benkirane au sein du PJD. L’"information" s’est répandue comme une traînée de poudre. Martelé de questions, le ministre d’État chargé des droits de l’Homme a été contrait de diffuser une mise au point. «Un responsable gouvernemental qui ne peut assumer convenablement sa mission a une solution: celle de partir. Pour ma part, je suis aujourd'hui ministre d'État et j'assume cette responsabilité en toute conscience. Dieu seul sait ce dont il adviendra demain», avait-il précisé aux journalistes.

Interrogé par Assabah, le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, a affirmé n’avoir reçu aucune lettre de démission de la part du ministre d’Etat.

Par Amyne Asmlal
Le 03/09/2017 à 20h20