Le régime algérien n’aurait sans doute pas trouvé d'autre moyen de sortir de la crise, dans laquelle il s’est mis lui-même, si ce n'est celui de la carte de la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc. Un jeu grossier qui ne dupe personne, note le quotidien Al Massae dans l’édito de son édition du jeudi 26 août. Après avoir vainement tenté d’exporter sa crise interne en accusant le Maroc de tous les maux les plus invraisemblables, au point d’en devenir la risée du public, le régime algérien en est arrivé à prendre cette décision aussi absurde qu'inconséquente.
En fait, poursuit l’éditorialiste, le régime algérien ne cesse, depuis des années, de contrer les intérêts du Royaume en usant de tous les moyens. En décidant de rappeler son ambassadeur, puis de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc, le régime au pouvoir à Alger ne fait que laisser tomber ses masques. Car, en définitive, les rapports et les liens entre les deux peuples sont si forts et si solides qu’une telle décision ne saurait les affecter. D’autant qu’elle intervient après la main tendue du Maroc et son appel sincère à l’ouverture des frontières et d’une nouvelle page dans les relations entre les deux pays.
Une chose est sûre, écrit également le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans l’édito de son numéro du même jour, la décision de la junte militaire au pouvoir à El Mouradia était attendue. Absurde et complètement injustifiée, mais attendue. D’après l’éditorialiste, c’est une décision qui a d’ailleurs été prise quelques jours plus tôt, lors de la réunion du Conseil national de sécurité, mais dont l’annonce a été retardée en attendant, sans doute, le moment propice. Une décision déplorable, non seulement parce que les deux pays n'entretenaient plus une quelconque forme de relations durant plus d'un demi-siècle, mais parce que cette escalade inédite présage quelque chose de grave qui se trame en secret.
Citant un spécialiste des relations entre les deux pays, le quotidien affirme que le régime algérien, animé d’un sentiment de vanité mal placée, croit sans doute que ses annonces médiatiques, aussi belliqueuses soient-elles, pourraient pousser le Maroc à changer son discours diplomatique. Il n’en est rien. Les choix diplomatiques du Royaume, fixés depuis le discours de la Marche Verte de 2015, restent immuables puisqu’ils versent dans le sens de l’édification d’un Maroc fort. Quant au régime algérien en place, il semble être resté emmuré dans une logique dépassée qui remonte au temps de la guerre froide. Il est resté, toutes ces années, otage de l’époque et de la doctrine d'État de Boumediene.
C’est sans doute pour cela que le pays entretient des tensions le long de toutes ses frontières, afin de se sentir visé parce que fort, entretenant ainsi la fameuse illusion d’une puissance régionale. Lors de l’annonce de cette décision, le ministre des Affaires étrangères, un rescapé de l’époque de Bouteflika appelé à la rescousse pour sauver le régime des généraux, a pourtant omis une donne importante. C’est, en effet, logiquement au Maroc de prendre l’initiative de rompre les relations avec son voisin de l’Est. Ce n’est, après tout, pas le Maroc qui arme, entraîne et abrite, depuis plus de 40 ans, une milice armée qui a déclaré la guerre à son voisin. Et ce n’est pas sur son sol que cette déclaration de guerre a été faite. Ce n’est pas non plus le Maroc qui permet à cette milice d’utiliser son territoire pour lancer des attaques militaires contre son voisin. Et ce n’est surtout pas le Maroc qui a permis à cette milice de se déplacer librement sur tout son territoire et de l’utiliser pour entreposer ses armes utilisées contre son voisin...
«Quel gâchis», ironise le quotidien Assabah dans son édition du même jour. Avec cette décision des autorités algériennes de rompre les relations avec le Royaume, les Marocains vont être privés de la «sauce algérienne» et du tube «Allah âla raha», actuellement en tête des tendances. Le quotidien estime sans doute que la meilleure manière de commenter cette décision est de rapporter une partie du nombre incalculable de blagues que cette même décision a suscité chez les Marocains. Plus sérieux, le quotidien Bayane Al Yaoum souligne, dans son numéro du même jour, que le Maroc regrette cette décision complètement injustifiée, bien qu'attendue -au regard de la logique d'escalade constatée ces dernières semaines- ainsi que son impact sur le peuple algérien. Son pendant francophone, Al Bayane, évoque, de son côté, l’incurable simplisme des généraux pour résumer cette situation.