Khalid Chiat est professeur des Relations internationales à l’Université Mohammed 1er d’Oujda. Grand spécialiste des relations entre le Maroc et l’Algérie, il commente pour Le360 l’assassinat abject de deux jeunes Franco-marocains par l’armée algérienne, mardi dernier, près de la baie de Saïdia.
Le politologue affirme que le droit humanitaire international est clair sur ce point, tout comme la Convention de Genève de 1949 et ses avenants de 1977. Ces textes définissent qui est considéré comme «militaire», «combattant» et «civil» et le traitement qui doit être réservé à chacun en cas de conflit armé. Un traitement humain, sans exercer de maltraitance. Que dire alors du recours, sans sommation, aux balles?
«Dans tous les cas, cela ne s’applique pas aux jeunes attaqués par la marine algérienne. Les éléments de l’armée algérienne déployés sur les frontières maritimes avec le Maroc savaient qu’il s’agissait de civils non armés», affirme Khalid Chiat.
«Même quand un militaire déclare qu’il est un civil, il faut le traiter sur cette base, comme le stipule le droit international humanitaire», ajoute le politologue.
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Les usages internationaux, selon notre interlocuteur, sont catégoriques: on ne doit jamais recourir aux armes contre les demandeurs d’asile ou les migrants, même si ce n’était pas le cas des quatre jeunes partis en excursion en mer, et qui ont eu le malheur de perdre leur chemin pour se retrouver dans les eaux du pays voisin.
Tebboune, premier responsable
Qu’en est-il alors des responsabilités? «Je ne pense pas que de simples soldats aient pris l’initiative, de leur propre chef, de tirer contre les quatre jeunes. Il y a bien un ordre qui a été émis par des supérieurs de l’armée algérienne», analyse Khalid Chiat.
Pour le politologue, «le premier responsable de cet acte lâche est le président de la République algérienne en sa qualité de chef des armées».
Khalid Chiat rappelle par ailleurs que cet assassinat n’est pas un acte isolé. «L’armée algérienne a des ordres émis en haut niveau pour cibler les Marocains à cause de leur nationalité». «Durant les dernières années, des Marocains de la région de l’Oriental ont été visés par des tirs de l’armée algérienne pour des raisons futiles», rappelle-t-il.
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Ces assassinats, rappelle le politologue, interviennent dans un contexte où le régime algérien tente de détourner l’attention sur une situation intérieure explosive à tous les niveaux, après avoir enregistré de retentissants échecs politiques et diplomatiques à l’échelle internationale, dont le dernier aura été le refus de la candidature de l’Algérie à l’adhésion au groupement des BRICS.