Il fait la Une de toute la presse nationale à paraître ce vendredi 14 juin. "Il", c’est le "clash" entre le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane et le président de la Chambre des représentants, Karim Ghellab, survenu jeudi matin à l’ouverture du colloque national sur le droit d’accès à l’information. Si pour Libération, cette "altercation traduit le hiatus entre le gouvernement et le Parlement", de l’avis de L’Economiste ce "clash dans la majorité" a empêché le débat d’avancer sur le fond. Ainsi le journal de l’USFP évoque "les relations entre le Parlement et le gouvernement qui se sont détériorées récemment", et affirme que ce "clash" est donc annonciateur "du fossé entre les deux institutions constitutionnelles qui ne cesse de s’élargir".
Pour L'Economiste, "un bug à la majorité peut en cacher deux autres, comme cela a été le cas ces dernières 48h". En plus du clash Benkirane-Ghellab, il y a l’Istiqlal et le PJD qui "se déchirent sur le cahier des charges de 2M" et "les finances qui taclent Akhannouch". Bref, c’est la "crise de nerfs dans la majorité", titre le quotidien économique. Et ce n’est pas l’éditorialiste de Aujourd’hui le Maroc qui dira le contraire. Selon lui, "la majorité se déchire". "L’on croyait que la confrontation au sein de la majorité se limitait à deux hommes, à savoir Hamid Chabat (SG de l’Istiqlal) et Abdelilah Benkirane (SG du PJD)", lance-t-il. Mais ce qu’il décrit comme étant une "grosse bagarre", "montre bien que la situation est beaucoup plus compliquée". En somme, pour le journal généraliste, "ce clash a corroboré une césure entre le Parlement et le gouvernement".
Benkirane... vraiment seul contre tous
Dans le détail, "Ghellab a accusé Benkirane de retarder le processus législatif", lit-on sur Assabah et "de détourner les initiatives de propositions de lois présentées par les députés". Des propos auxquels fait également écho le quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum, qui revient également sur les détails de ce virulent échange de mots entre les deux hommes politiques.
Alors que l’opinion publique s’attendait à un débat de fond sur une question majeure, à savoir l'accès à l'information, une fois de plus les tensions politiques semblent avoir pris le dessus. Même le très discret Karim Ghellab s’y est mis, laissant entrevoir une tension au sein de la majorité désormais clairement consommée. Pis, ce "clash" relève non seulement de la majorité mais de l’ensemble de la classe politique puisque la position de l’Istiqlalien concerne également les parlementaires. Benkirane est-il vraiment seul contre tous ? La question mérite d’autant plus d’être posée que -comme le fait remarquer L’Economiste- "le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, dont le portefeuille est le premier concerné", n’a pas assisté à cette rencontre de haut niveau.