Dès ce dimanche 16 avril, les Kabyles se donnent rendez-vous pour investir les artères des grandes capitales mondiales: à Paris, en France, mais aussi au Canada, en Suisse, aux États-Unis et en Allemagne. Et, surtout, en Kabylie.
Plusieurs responsables du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), approchés par Le360, ont indiqué qu’il s’agit là d’une double célébration pour les Kabyles: celle du Printemps amazigh de 1980 et 1981, et celle du Printemps noir de 2001. Dénominateur commun entre les deux événements: le régime algérien qui répond par des tirs à balles réelles et tous les moyens utilisés par les dictatures pour réprimer: la torture, les arrestations arbitraires, les disparitions et les séquestrations.
«Et le viol aussi», rappelle Kahina Zidane dans un entretien avec Le360. Notre interlocutrice est la coordinatrice du MAK pour l’Île-De-France, l’une des plus importantes coordinations du mouvement pacifique que dirige Ferhat Mehenni.
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«C’est l’occasion pour nous d’honorer la mémoire de nos jeunes assassinés par les balles du pouvoir algérien, et de rappeler la justesse de notre cause», poursuit Kahina Zidane, qui insiste sur la nécessité de poursuivre un combat de longue haleine. Et d’atteindre l’objectif suprême pour lequel le peuple kabyle a tout sacrifié, y compris des vies.
Des manifestations sont également prévues en Kabylie, le 20 de ce mois d’avril. À ce sujet, Kahina Zidane affirme ne pas se faire beaucoup d’illusions sur la réaction de la junte militaire. «Nous ne sommes en sécurité nulle part dans le monde. Ici en France, nous sommes bien intégrés, mais on ne sait jamais avec un régime qui ne recule devant rien», affirme la responsable kabyle.
Et les faits, têtus, sont là pour lui donner raison. Ameziane Mehenni, le fils de Ferhat Mehenni, a été mortellement poignardé en plein centre de Paris, dans la nuit du 18 au 19 juin 2004. L’année dernière, lors d’une manifestation dans la capitale française, c’est Ferhat Mehenni lui-même qui a été agressé à l’arme blanche par un baltaji du régime des caporaux. Et les deux affaires ont été classées.
«Les autorités françaises savent que nous sommes des militants pacifistes et ne mobilisent donc pas de dispositif sécuritaire important. Parfois, c’est trois ou quatre policiers pour encadrer plusieurs milliers de manifestants», explique un leader du MAK, s’interrogeant au passage sur l’attitude de Paris, qui cherche à éviter de froisser Alger.
Pour rappel, les manifestations prévues dans les prochains jours interviennent dans une conjoncture assez cruciale pour la cause kabyle, actuellement au centre des débats, y compris à l’ONU.