Driss Jettou a réagi à la question d'une députée proche de Driss Skalli Adaoui, président de la Commission de contrôle des finances publiques à la Chambre des représentants, sur le sort réservé aux rapports de l’institution qu’il préside. Et, le moins que l'on puisse dire est que la réaction du président de la Cour des comptes a fait couler beaucoup d’encre, notamment celui du quotidien Al Ahdath qui y consacre un article dans son édition du 24 juin.
En guise de réponse aux interrogations de la Commission, Jettou s’est montré ferme et a renvoyé la balle aux parlementaires, qu'il a incités à livrer eux-mêmes des éléments de réponses tangibles à cette question portant sur la mise en oeuvre effective de ces rapports. Driss Jettou n'a pas manqué d'ajouter que la Cour des comptes remplissait parfaitement sa mission, élaborant des rapports sérieux expédiés aux institutions concernées, y compris au Parlement, et invitant l’ensemble des parties prenantes à se réunir pour discuter du sort du concentré de matière grise que renferment les rapports de la CDC.
Dans un échange direct avec Driss Skalli Adaoui qui a reproché aux équipes de Jettou le retard dans l’élaboration du rapport sur «l’évaluation du programme Ville sans bidonville, entre 2008 et 2018», Jettou a tenu à rappeler que 40 à 50 études étaient rendues publiques chaque année par son institution, et que ces rapports éminemment pertinents pour l’économie nationale étaient pour la plupart sous-estimés. «Nous cherchons un moyen de faire valoir nos études auprès des parlementaires, pour que nos recommandations puissent avoir preneurs et pour avoir un retour, ce dont nous avons éminemment besoin», affirme le président de la CDC.
Driss Jettou, dans une allocution donnée mardi dernier, à l’occasion de la présentation du bilan du programme 2008-2018 «Ville sans bidonville» à la Commission de contrôle des finances à la Chambre des représentants, a laissé entendre que les publications établies par la CDC ne suscitaient pas le moindre intérêt chez les parlementaires. «Je me demande aussi quel est le sort de nos rapports? Lorsque nous constatons des dysfonctionnements, nous le relevons dans nos rapports qui sont ensuite envoyés au chef du gouvernement et à vous, parlementaires. Mais nous remarquons qu’il n’y a pas de suite. Or, nous devons tous nous mobiliser».
Il faut dire que la dernière livraison de la Cour des comptes sur l’évaluation du programme national des Villes sans bidonvilles (VSB) ne fait pas non plus dans la demi-mesure. La CDC n’a pas manqué de pointer les principaux dysfonctionnements et appelle, entre autres, au renforcement des mécanismes de contrôle et à la vulgarisation de l’offre des aides publiques contre l’habitat insalubre, pour ne pas induire les bénéficiaires en erreur. Dans son rapport, la Cour des comptes établit une corrélation directe entre la prolifération des bidonvilles et les phénomènes d'exode rural, sur fond d’absence de stratégie d’aménagement des territoires permettant de contenir les populations avec une répartition juste des activités sur le sol national.