De grandes incertitudes planent sur le Sommet Afrique-Israël, prévu en octobre prochain dans la capitale togolaise, Lomé. En cause, "des pressions" qui seraient exercées par l'Autorité palestinienne et le Maroc sur les leaders africains afin de boycotter ce sommet controversé. "Comme les Palestiniens, selon un diplomate africain, le Maroc a exhorté les Etats africains à ne pas assister au sommet", indique le site du quotidien israélien à gros tirage The Jerusalem Post.
La même source attribue l'opposition du Maroc à la tenue de ce sommet à de présumées visées hégémoniques marocaines en Afrique. "Les Marocains sont mécontents des incursions d'Israël en Afrique parce qu'ils considèrent Israël comme un concurrent sur le continent", croit savoir la publication israélienne. Citant un diplomate africain, Jerusalem Post rapporte: "Le Maroc essaie de revenir en Afrique en tant que superpuissance" (...) Ils (les Marocains, NDLR) considèrent Israël comme un concurrent et demandent aux dirigeants africains d'être vigilants par rapport à ce sommet".
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Autre raison invoquée par le quotidien israélien, "le Maroc rechercherait à travers son opposition à ce sommet des subventions de l'Arabie saoudite et des organisations islamiques!"
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Récapitulons: visées hégémoniques marocaines, recherche de subventions auprès de l'Arabie saoudite et d'organisations islamiques. A l'évidence, "l'argumentaire" servi par The Jerusalem Post est tout sauf recevable. Cela revient à faire l'impasse sur l'attachement indéfectible des Marocains à la cause du peuple palestinien frère et à sa lutte légitime pour recouvrer sa liberté et mettre fin à l'occupation israélienne. Le Maroc préside le Comité Al-Qods et il demeure en pointe du combat pour l'avènement d'un Etat palestinien souverain avec pour capitale, Al Qods Acharif.
La tenue du Sommet Afrique-Israël pourrait être perçue comme "un soutien à Israël et constituera un échec pour la lutte palestinienne", relève à juste titre un diplomate africain, cité par The Jerusalem Post. Un argument que le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, n'a pas manqué de marteler devant le président togolais, Faure Gnassingbé, mais ce dernier ne semble pas avoir été convaincu.
Le président Mahmoud Abbas a en effet demandé à rencontrer Gnassingbé lors du sommet de l'Union africaine tenu à Addis-Abeba début juillet et l'a exhorté à reconsidérer le sommet Afrique-Israël. Seulement voilà, Gnassingbé a répondu vouloir "mener mes affaires comme bon me semble"!, refusant ainsi d'annuler le sommet. "La réponse de Gnassingbé", selon des sources proches de la présidence togolaise, "était qu'il conduirait son pays de la manière qu'il juge utile, qu'il soit amical avec Israël et les Palestiniens, et que si le sommet est un élément qui peut aider à renforcer l'économie israélienne, alors, c'est quelque chose qui est finalement bon pour les Palestiniens aussi".
"Le Togo enverra des invitations à l'ensemble des 54 États africains pour assister au sommet Afrique-Israël de quatre jours, tandis que 20 à 30 chefs d'État devraient y participer. Israël a des liens diplomatiques avec 40 des 48 pays de l'Afrique subsaharienne", surenchérit The Jerusalem Post.
Et d'ajouter: "Gnassingbé devrait se rendre à Israël la semaine prochaine pour une visite privée de trois jours, au cours de laquelle il rencontrera également le Premier ministre Benjamin Netanyahu. En tout, il a voyagé trois fois en Israël au cours de la dernière année et a rencontré Netanyahu lorsque le Premier ministre a assisté au Sommet de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest au Libéria en juin dernier".
Un sommet, faut-il le préciser, auquel le roi Mohammed VI n'a pas assisté. Et cela constitue un argument en béton pour dire que le Maroc refuse de cautionner toute présence israélienne problématique, en Afrique ou ailleurs, et sous quelque prétexte que ce soit. Israël est un pays d'occupation et il sait parfaitement ce qu'il a à faire pour revenir dans le concert des Nations: cesser d'occuper la terre palestinienne.