A l’évocation de son nom, sa religion force le questionnement. “Je suis musulman de père en fils”, répond Isaac Charia dans les colonnes de l’hebdomadaire Al Watan. La particularité de son nom, cet avocat de 39 ans la doit à son grand-père qui côtoyait alors des juifs marocains dans le mellah de Tétouan.
Il n’est pas non plus à écarter que son nom soit inspiré du sommet arabe exceptionnel tenu à Fès en 1982, date de naissance de cet avocat fraîchement élu à la tête du parti libéral. Ce sommet a été notamment marqué par le projet de paix arabe envers Israël, et la reconnaissance de la Palestine en tant que pays indépendant, dont la capitale est Al-Qods.
Né en 1982 dans la souika de Tétouan, Isaac Charia est l’aîné de sa fratrie. Son père oscillait entre deux métiers, l’électricité et la pêche traditionnelle. Sa mère, elle, est professeur de langue arabe, provenant d’une famille aristocratique andalouse. Peu importe comment cet homme de classe pauvre a rencontré cette femme issue d’un milieu bourgeois, tant l’amour les a uni, précise l’hebdomadaire.
“De mon père, j’ai gardé cette préoccupation pour les doléances des classes populaires, cette volonté de gagner son pain à la sueur de son front”, raconte Isaac Charia. Sa mère était quant à elle l’incarnation de la beauté et de la culture. Sa passion pour la robe d’avocat, il la tient de ces nombreuses rencontres avec ses oncles, juges ou avocats pour la plupart.
D’après l’hebdomadaire, Isaac Charia est le fruit de l’école publique. L’avocat se souvient encore de son échec lors de la deuxième année du baccalauréat. Un diplôme qu’il finira par obtenir en 2000. De Martil où sa famille avait déménagé, Charia s’envole pour Rabat pour poursuivre ses études supérieures en droit à l’université Mohammed V. L’influence de ses oncles y est pour quelque chose.
“J’étais jeune en provenance de Tétouan. En étant l’aîné de la fratrie, j’avais cette ambition d’améliorer les conditions de vie de ma famille,” raconte Isaac Charia, pour justifier son refus du hirak estudiantin opposant les islamistes aux gauchistes, et dont la principale conséquence était la suspension des cours. “Tout arrêt de la scolarité était une entrave à mon ambition”, poursuit-il.
Dans ce sens, Isaac Charia, alors avocat, a œuvré pour la naissance d’une troisième voie estudiantine, celle qui ambitionne d’améliorer les conditions de vie des étudiants à l’université sans surenchère politique ni violence. Une occasion de rencontrer un certain Saad Sahli, lui aussi avocat. Depuis l’université, leur relation n’a pris de ride, que ce soit dans le monde professionnel, partisan, ou même familial, assure Charia.
En politique, l’avocat rejoint les fondateurs du Parti marocain libéral (PML), fondé par un certain Mohamed Ziane. “On voyait en lui un espoir pour le changement et la réforme, compte tenu de son passé et de son lien avec les institutions de l’Etat, avant que les choses n’empirent”, raconte le nouveau secrétaire général du parti du lion.