«Nous rendons grâce à Dieu qui nous a laissés en vie pour vivre ce jour. Comme nous avons pleuré, il y a 20 ans, pour la chute de l’émirat islamique, nous pleurons aujourd’hui, de joie, pour son rétablissement». Ces propos ont été publiés, hier dimanche 15 août 2021, sur son compte Twitter, par le salafiste Hassan Kettani.
L’ex-détenu pour terrorisme (il a été condamné à 20 ans de prison ferme pour constitution de bande criminelle à des visées terroristes et grave atteinte à la sécurité intérieure du pays), qui a bénéficié d’une grâce royale, est sur un petit nuage depuis que ses frères talibans ont commencé la reconquête, ville après ville, de l’Afghanistan, jusqu’à la chute de Kaboul.
En plus de ses messages de félicitations personnelles aux nouveaux (et ex) maîtres de Kaboul, Hassan Kettani passe un temps fou sur les réseaux sociaux à célébrer la «victoire» des talibans. Tantôt, il met en avant sa qualité de président de l’Alliance des oulémas du Maghreb arabe, tantôt il se prévaut de celle de membre de l’Alliance des oulémas musulmans.
Et pour le Maroc, de quoi rêverait Hassan Kettani en faisant ses ablutions? Peut-être au témoignage de cet Afghan qui pour sauver sa femme et sa fille de l’emprise des talibans, leur a dit, en les regardant droit dans les yeux, qu’il vivait avec ses deux épouses. La polygamie étant scrupuleusement respectée par les talibans, il espérait ainsi soustraire sa fille à un mariage forcée avec un taliban ou à des viols, largement encouragés dans le cas de mécréantes. Les talibans ont acquiescé devant son argument, mais lui ont répondu qu’en temps de guerre, il devait avoir une seule femme. Ils ont même été suffisamment compréhensifs en lui dérobant la plus âgée de ses deux épouses, sa femme, et en lui laissant sa fille.
Les talibans, ce n’est pas une fiction. C’est une réalité. Et avoir au Maroc, un Marocain qui proclame avec un tel enthousiasme ce modèle de société devrait nous faire peur et nous faire comprendre que ce qui nous semble acquis peut basculer dans le pire des obscurantismes, parce que des talibans vivent, en toute impunité, parmi nous.