La ministre Hakima El Haite, une des spécialistes de l'environnemental, veut marquer de son empreinte sa gouvernance en espérant concrétiser quatre projets prioritaires. Au dernier forum de Davos, elle fut la seule femme à avoir expliqué au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, les enjeux de la politique environnementale du royaume. Interview.
Le360 : Qu'avez-vous expliqué à Ban Ki-moon au dernier forum de Davos ?
Hakima El Haite : Le Maroc a eu le privilège d’animer une table ronde en présence notamment de Ban Ki-moon et de certaines grandes institutions financières mondiales. Le Maroc a informé de sa stratégie nationale qui a été enrichie récemment par la loi cadre portant sur la charte nationale de l’environnement et du développement durable. Les résultats de cette table ronde sont prometteurs puisque le pays compte acquérir des financements extérieurs pour un investissement global de 20 milliards de dirhams.
Quelles priorités avez-vous mises en avant ?
Nos futures actions portent sur les énergies propres, le solaire, l’énergie éolienne, la biomasse (source d’énergie renouvelable par combustion) pour laquelle la Banque mondiale envisage de fournir un financement. Nous avons souligné notre intérêt pour l’efficacité énergétique avec notamment la construction de villes vertes comme celle de Chrafate, la promotion des construction isothermiques ainsi que le plan vert agricole dont le système d’irrigation du goutte à goutte.
L’écotaxe ne recueille pas l’unanimité au Maroc. Pourquoi ?
Elle est décriée parce que nous assumons nos responsabilités. Cette taxe impose à 1,5% la valeur des matières premières de plastique importées (150 millions de dirhams par an projetés). Elle est destinée à créer une filière de recyclage. A travers elle, nous envisageons la création de coopératives de recyclage et de centres de tris. Nous visons aussi la mise à niveau de la situation de quelque 10.000 ramasseurs d’ordures ambulants qui vivent dans des conditions déplorables. L’impact de la taxe est très faible sur l'industrie du plastique par rapport à la valeur ajoutée totale. La charge ne pénalise par l’industrie de la plasturgie. Seuls les industriels peuvent aider à créer une industrie. (Le Maroc produit annuellement quelque 120.000 tonnes de plastique).
La culture de l’environnement est-elle compatible à notre train de vie quotidien ?
Oui, le citoyen commence à accorder une importance à cette priorité. La mise à niveau environnementale est indispensable. Cela va être difficile mais on va s’y atteler. J'espère aussi introduire dans le cursus scolaire l'enseignement environnemental. C’est mon rêve. Mon ambition consisterait à mettre en place des structures régionales de l’environnement pour apporter un service de proximité. J'aurais des regrets si cette ambition venait à ne pas être exaucée au cours de ma mission.