Gouvernement: Les femmes-ministres se révoltent contre El Othmani

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Revue de presseKiosque360. Le Conseil de gouvernement de ce jeudi n’a pas été de tout repos pour Saâd-Eddine El Othmani. Les femmes-ministres y ont mené une fronde pour se plaindre du fait qu’elles ne servent que de décor au sein de l'Exécutif, et exiger qu’on leur donne des attributions claires et nettes.

Le 09/09/2017 à 01h26

Le gouvernement actuel de Saâd-Eddine El Othmani ne compte que 9 femmes pour 38 portefeuilles. Seule Bassima Hakkaoui, ministre de la Famille, de la solidarité, de l’égalité et du développement social, a un vrai département à gérer. Pour les huit autres femmes, elles doivent se contenter de postes subalternes de secrétaires d’Etat. Pire, ces «ministrettes» n’ont jusqu’ici, du moins pour leur majorité, aucune attribution et rien à gérer.

Jeudi dernier, elles ont saisi l’occasion de la tenue du Conseil de gouvernement pour faire entendre leur voix et demander qu’on leur attribue concrètement les fonctions et les attributions pour lesquelles elles ont été nommées. Selon le quotidien Assabah, dans son édition de ce week-end des 9 et 10 septembre, Saâd-Eddine El Othmani a eu beaucoup de difficultés pour mettre fin à la bronca des «rebelles» qui se sont aussi plaintes de leurs «ministres hiérarchiques» respectifs, qui ne leur laissent que des miettes.

C’est le cas de Rkia Derham (USFP), secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, qui accuse Moulay Hafid Elalamy (RNI), ministre de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique, de tout accaparer. Surtout que les trois agences, dont elle en dirigeait une, et qui étaient chargées de la promotion du Maroc à l’extérieur, ont été fondues en une seule… dirigée par Elalamy.

De même, Fatna Lkhiyel (MP), secrétaire d’Etat chargée de l’Habitat n’a pas été gâtée par son «patron» Nabil Benabdallah (PPS), ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville. Cette ancienne députée, connue pour sa défense enflammée du monde rural et des zones de montagne, ne trouve pas encore l’occasion de démontrer, en tant que secrétaire d’Etat, qu’elle peut traduire ses paroles en actes.

Pour sa part, Jamila El Moussali, secrétaire d’Etat à l’Economie sociale, a crié à la face de son «frère» El Othmani, que Mohamed Sajid (UC), ministre du Tourisme, du transport aérien, de l’artisanat et de l’économie sociale, lui a préféré Lamia Boutaleb, chargée du Tourisme, à qui il a donné des responsabilités mais pas à elle. Pire, El Moussali a expliqué que Sajid l’avait obligée à s’occuper des seules expositions «artisanales», en partenariat avec les coopératives.

Pas contente pour deux sous, Charafat Afailal (PPS), secrétaire d’Etat à l’Eau, n’est pas mieux lotie avec Abdelkader Amara (PJD), ministre de l’Equipement, du transport, de la logistique et de l’eau, qui la considère comme quantité négligeable.

Pire, la grande supportrice du Moghreb de Tétouan se plaint aussi d’un autre secrétaire d’Etat, masculin celui-là, qui veut lui piquer un département qu’elle détient depuis le gouvernement Benkirane II, qui avait fait la part belle aux femmes-ministres, après le gouvernement Benkirane I avec une seule femme. En effet, Hammou Ouhelli (MP), secrétaire d'Etat chargé du Développement rural et des eaux et forêts, dépendant de Aziz Akhannouch (RNI), ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, estime que le département de l’Eau doit lui revenir.

En définitive si le poste de secrétaire d’Etat au Maroc n’a rien à voir avec son prestigieux vis-à-vis américain, il ne demande qu’à ce que les attributions qui lui correspondent soient clairement définies. Sinon à quoi sert une secrétaire d’Etat au sein du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani? Pour le moment, à rien.

Par Mohammed Ould Boah
Le 09/09/2017 à 01h26