Gouvernance: des voitures de l'Etat "en service" dans les fermes des élus

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Revue de presseKiosque360. Un élu de Mediouna vient d’être pris en flagrant délit d’utilisation d’une voiture de l’Etat à des fins personnelles d’exploitation agricole. Et ce au moment où la Cour régionale des comptes enquête sur des élus trafiquants de carburant et de pièces détachées des véhicules de l’Etat.

Le 04/06/2019 à 23h54

Des éléments de la gendarmerie royale qui effectuaient une patrouille de routine à Mdakra-Oulad Ziane, sise entre El Gara et Berrechid (région de Casablanca-Settat), ont été récemment surpris de découvrir une voiture portant immatriculation de l’Etat, mais utilisée à des fins privées, en l’occurrence pour la moisson d’un champ de blé dur.

D’après des informations rapportées par le quotidien Assabah dans sa livraison du 4 au 6 juin, il s’agit d’un pick-up portant la plaque minéralogique communale J 187614, qui roulait à côté d’une batteuse-moissonneuse en lui servant de réceptacle pour les grains de blé récoltés. Au départ, les gendarmes ont cru qu’il pourrait s’agir d’une voiture appartenant à des cadres envoyés en mission d’orientation par le ministère de l’Agriculture. Sauf qu’en regardant de près, ils ont découvert que le chauffeur du pick-up n’est autre qu’un employé de la ferme, chargé de l’entretien du matériel agricole et de son approvisionnement en carburant. Après avoir identifié l’élu de Médiouna qui a affecté illégalement ce véhicule de service à un usage privé, les gendarmes ont immédiatement saisi et immobilisé la voiture.

Assabah rappelle dans ce cadre qu’un récent rapport du Conseil régional de Casablanca-Settat a pointé du doigt plusieurs graves irrégularités en matière d’usage de carburant et de véhicules de l’Etat à des fins privées. Ainsi certains élus seraient de mèche avec des stations-service avec lesquelles ils se partagent les prix des bons de gasoil de la Commune, sans oublier que d’autres traficotent les pièces des voitures de l’Etat avec certains garagistes. Ces magouilles font actuellement l’objet d’une enquête de la part de la Cour régionale des comptes. Et beaucoup de têtes risquent de tomber incessamment, prophétise Assabah.

Il faut rappeler qu’une circulaire du ministère de l’Intérieur, adressée aux présidents des Conseils régionaux et ceux des Conseils communaux, interdit strictement aux élus l’usage des véhicules de service en dehors des horaires du travail et de leur circonscription territoriale. De même, les walis et gouverneurs ont adressé une autre circulaire aux services de la Sûreté nationale et de la gendarmerie royale leur ordonnant d’immobiliser toute voiture de l’Etat qui ne dispose pas d’une autorisation de circuler en dehors de sa circonscription administrative ou qui serait affectée à un autre usage que celui de service public.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 04/06/2019 à 23h54