Le360 a pu avoir accès à la plainte déposée par l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT). Sur la base des affirmations de Ennaâma Asfari, un des égorgeurs de Gdim Izik (condamné à 30 ans de réclusion criminelle) dont les affabulations sont prises pour argent comptant par cette ONG qui avait lancé des poursuites judiciaires pour «défendre sa cause», pas moins de 22 personnes sont citées. Ces personnes appartiennent à des départements clés dans la sécurité du royaume et le fonctionnement d’un Etat de droit: nommément la gendarmerie royale, la police judiciaire et les renseignements généraux.
La plainte parle de supposés sévices qu’aurait subis Ennaâma Asfari pendant 5 jours. Elle nomme des personnes qui seraient, selon l’ACAT, «les responsables directs des traitements inhumains et dégradants et des actes de torture subis par M. Asfari. Ils s’en sont rendus complices en étant témoins sans pour autant y mettre fin, et sont donc rendus coupables du délit de non-assistance à personne en péril».
Et voici, la liste complète:« - RABII, responsable des renseignements généraux à Laâyoune à l’époque;
- ABDELALI, un Marocain qui a participé à l’arrestation d’Ennaâma;
- Hamid BEHRI, ancien wali de la police de Laâyoune à l’époque ;
- Tous les agents ayant participé à la torture d’Ennaâma Asfari dans la nuit du 7 au 8 novembre que l’enquête permettra d’identifier.
A la gendarmerie de Laâyoune: les personnes suivantes sont citées :- Abd Errahman LOUAZNA, Lieutenant-colonel, officier de police judiciaire de la gendarmerie royale- Mouhcine BOUKHOUBZA, Lieutenant-Colonel, officier de police judiciaire de la gendarmerie royale
- Abdelhaye EL MAGHRAOUI, Adjudant, Officier de police judiciaire de la gendarmerie royale
- Hicham ELAMRAOUI, Sergent-chef, Officier de police judiciaire de la gendarmerie royale
- Youssef RAIS, Sergent-chef, Officier de police judiciaire de la gendarmerie royale
- Ahmed ZAROUAL, Sergent-chef, Officier de police judiciaire de la gendarmerie royale
- Charqui BAYDOU, Sergent-chef, Officier de police judiciaire de la gendarmerie royale
- Khalid BADRI, Sergent-chef, Officier de police judiciaire de la gendarmerie royale
- Mustapha HANZAZ, Sergent-chef, Officier de police judiciaire de la gendarmerie royale
- Adjudant Nordine TAKKAK, Officier de police judiciaire de la brigade judiciaire de Laâyoune
- Adjudant Said BENSGHIR, Officier de police judiciaire du Centre territorial Foum El Oued
- Mohamed YAZARI, Sergent-chef, Officier de police judiciaire du groupe judiciaire régional de Laâyoune
- Redouane FENNANE, Sergent-chef, Officier de police judiciaire du groupe judiciaire régional de Laâyoune
- Lamaâta ABDELMOULA, Sergent-chef, Officier de police judiciaire, Poste de Daoura
- Salah EL KARMANI, Sergent-chef, Officier de police judiciaire, Poste de Daoura
- Abdelghafour MADAD, Sergent-chef, Officier de police judiciaire, Poste d’Akhfennir
- Abdelhadi KHADDAJ, Sergent-chef, Officier de police judiciaire, Poste d’Akhfennir
La liste mentionne également « pour mauvais traitements » :- BOURAZRIA, directeur de la prison de Salé, à l’époque
- Hassan EL MOHFADI, adjoint au directeur de la prison de Salé, à l’époque»
Selon cette plainte, pas moins de 22 personnes auraient donc pris part aux présumées séances de torture d’Ennaâma Asfari. Comment a-t-il obtenu tous ces noms avec autant de détails sur leurs grades et leurs affectations? La question reste entière. On se demanderait même si une telle liste ne lui aurait pas été remise clé en main, avec le dessein de nuire à différents départements de sécurité du royaume: police, gendarmerie, RG et même le responsable d’un centre pénitencier. Car à bien regarder les différents départements impliqués dans cette plainte, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une tentative pour porter atteinte à des corps clés dans le maintien de l’ordre et l’application de la loi au royaume. Une tentative qui en dit long sur les desseins de l’ACAT et montre à quel point cette association est prête non seulement à accorder du crédit aux affabulations d’un mythomane, mais aussi à les draper dans une noble indignation, quand bien même celles-ci seraient contraires ne serait-ce qu’à un minimum de bon sens. On finirait presque par croire que chacune des personnes mentionnées dans cette liste a remis une carte de visite à Ennaâma Asfari avant de le torturer.
Encore plus surprenant : dans cette interminable liste de noms évoqués dans la plainte, la Direction générale de surveillance du territoire (DGST) que dirige Abdellatif Hammouchi n’est pas mentionnée. A aucun moment ne figure une personne appartenant à la DGST et encore moins le patron du contre-espionnage marocain dont l'ACAT a fait produit d’appel pour trouver un droit de cité dans les médias. Cette absence de la tête d’affiche qui sert de teasing à l’ACAT a toute son importance. Elle apporte une nouvelle démonstration de l’instrumentalisation que fait l'ONG de cette affaire: Hammouchi n’est plus ni moins qu’une «tête de gondole» dont se sert l’ONG pour donner un maximum de résonnance à sa «vraie-fausse» cause. Une stratégie propre à une association qui perd de son aura et de sa crédibilité, cherchant à faire feu de tout bois. Pour l’ACAT, tous les moyens semblent bons pour continuer d’exister, y compris salir la réputation de responsables à la compétence reconnue, voire provoquer des crises diplomatiques entre Etats…