Younes Sekkouri a estimé que le fruit du dialogue social a poussé l’Etat à débourser quelque 14 milliards de dirhams pour améliorer les statuts personnels de trois importants ministères, à savoir ceux de la Santé, de l’Enseignement supérieur et de l’Education nationale. Il s’agit de «trois réformes majeures dans le secteur public» comme le Maroc n’en a jamais connues, a-t-il insisté.
«Je ne vois pas comment on pourrait parler d’année blanche alors que les réformes ont nécessité un budget global de 14 milliards de dirhams», a poursuivi le ministre, soulignant qu’un demi-million de fonctionnaires vont connaître une «hausse significative de leurs salaires».
La part de la Santé ira à 31.000 fonctionnaires, dont des médecins qui bénéficieront d’une hausse de plus de 3.000 dirhams. Dans l’Enseignement supérieur, ce sont 18.000 personnes, en particulier des professeurs, qui bénéficieront d’une hausse de salaire de 3.000 dirhams par mois ainsi qu’une révision de leur statut.
Au niveau de l’Education nationale, c’est un accord historique qui a été signé en janvier dernier avec les syndicats au profit de 300.000 personnes. «En termes de marketing, nous aurions dû laisser la signature de cet accord jusqu’au 1er mai, mais nous ne l’avons pas fait parce que cela n’est pas sérieux», a souligné le ministre.
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Aux termes de cet accord, il a été créé pour la première fois pour ce département un «grade exceptionnel» pour les enseignants (70.000 personnes) de divers niveaux ayant atteint l’échelle 11. «Ici, on a pu régler une injustice», selon Younes Sekkouri, qui a ajouté qu’«aucun gouvernement dans l’histoire du Maroc n’a pu prendre une telle décision».
La réforme de l’éducation nationale a coûté 6 milliards de dirhams, d’après le ministre, correspondant à une hausse mensuelle nette de salaire de 833 dirhams. «On a lié cette hausse à un impact sur la qualité de l’enseignement», a précisé le ministre.
«Le secteur privé a lui aussi bénéficié d’un intérêt particulier de l’Etat puisqu’il a été décidé en avril 2022 d’augmenter en deux tranches de 5%, le salaire minimum (SMIG) dans les secteurs de l’industrie, du commerce et des professions libérales», a poursuivi notre interlocuteur, indiquant que le gouvernement a décidé d’appliquer la seconde tranche de 5% du SMIG, mais aussi du SMAG (salaire agricole), en septembre 2023.
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Le ministre, qui est également un dirigeant du Parti authenticité et modernité, a mis en relief le rôle de la Caisse de compensation, à travers laquelle l’Etat a soutenu les prix du gaz butane, du blé, du sucre et de l’électricité, sans omettre l’appui accordé aux transporteurs professionnels. «C’est du concret, tout cela, mais (face à la hausse des prix) nous sommes conscients qu’il y a de l’inflation importée», a-t-il reconnu, avant d’exprimer la disponibilité de l’exécutif à poursuivre le dialogue avec les partenaires sociaux pour notamment examiner les doléances, dont une possible revalorisation des salaires.
Répondant à une question liée aux prochains textes de loi sur le Code du travail et le droit de grève, Younes Sekkouri a assuré qu’il veillera à «traduire la volonté de justice» envers les travailleurs et le monde de l’entreprise. «Nous allons prendre en compte toutes les remarques et écouter nos entreprises car l’Etat social est un engagement», a conclu le ministre.