Nous sommes à quelques mois des prochaines échéances électorales. En théorie, les programmes électoraux des partis politiques devraient déjà être le point central du débat public. Ce n’est pas le cas. Presque aucun parti n’a encore commencé à communiquer sur son programme électoral ou, pour être précis, ses programmes électoraux. Car il s’agit d’un programme pour les communes, un autre pour les régions et un troisième à déployer au niveau du gouvernement, précise l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du vendredi 2 avril qui affirme qu’il s’agit d’un grand chantier qui ne devrait pas être traité à la dernière minute.
Il est donc à espérer que la plupart des partis se soient déjà mis à la tâche. C’est manifestement le cas, du moins pour les grandes formations. Les autres attendront certainement la publication du rapport de la Commission spéciale sur le nouveau modèle de développement pour y puiser les grandes lignes de leur programme. En tout cas, pour les grandes formations, le chantier est déjà ouvert, voire presque achevé, notamment pour le cas du RNI. Ainsi, l’Istiqlal par exemple, et dans une récente sortie médiatique de son secrétaire général, évoque sa devise de toujours, l’égalitarisme, comme ossature de son programme. Bien sûr, un égalitarisme remis au goût du jour.
Il est question, affirme Nizar Baraka, d’une cohésion sociétale. Un terme par lequel il fait référence à une cohésion sociale, territoriale et intergénérationnelle. Le parti entend axer son programme sur certaines priorités que sont, entre autres, l’enseignement, l’emploi et la santé. Pour plus de détail, il faudra sûrement attendre que les commissions qui planchent actuellement sur les différentes rubriques du programme du parti livrent leur copie.
Cela dit, le même triptyque est repris par l’USFP dans ce qui peut être un avant-goût de son programme. Le parti socialiste parle ainsi d'une «nouvelle alternance sociale». Ce sera le thème central de son programme. Une «alternance sociale» qui permettra de faire face au chômage, surtout le chômage des jeunes et des diplômés, de garantir le droit d’accès aux soins et le droit de vivre dignement tout en faisant du capital humain le levier principal du développement. Là encore, pour du concret, il faudra attendre que les cadres du parti qui planchent sur le programme finissent leur travail.
D’après La Vie éco, le PAM, également à l’œuvre, planche sur un programme électoral en deux temps. Il y est question de mesures socio-économiques à court et moyen terme. Évidemment, comme il est le premier à avoir soulevé un débat public sur la question, et même organisé une journée de réflexion sur le thème, le PAM compte bien capitaliser sur la décision de l’Etat de légaliser la culture du cannabis pour un usage industriel et pharmaceutique. Une rubrique de son programme sera consacrée à cette nouvelle donne.
S’agissant du RNI, il semble que ce parti a déjà une longueur d’avance sur tout le monde. Il y a deux ans déjà, le parti publiait un document qui ressemblait à un programme électoral. C’est le fruit d’une enquête qu’il a mené auprès de 14.000 personnes. Ce sondage lui a permis de dégager les trois secteurs qui sont à la tête des priorités des Marocains, l’enseignement, la santé, l’emploi et la lutte contre le chômage. Un peu plus tard, c’est-à-dire il y a un an exactement, le parti avait lancé une plateforme en ligne pour recueillir les idées et les propositions des citoyens pour le Maroc de l’après-Covid-19.
Entre-temps, la formation avait lancé une campagne inédite de communication publique, «100 jours, 100 villes». Grâce à ces initiatives, le parti a pu bénéficier d’une considérable remontée d’informations qui lui a permis non seulement d’avoir une idée précise sur les besoins et les attentes des citoyens à travers le pays, mais également de les anticiper. En tout cas, ce travail de terrain lui a permis d’élaborer son programme électoral. Il ne lui reste plus que quelques retouches et les dernières mises à jour pour le boucler, relève l’hebdomadaire.
Pour le PJD, il semble que le programme électoral ne soit pas encore une priorité. Le parti s'est lancé corps et âme dans la bataille du quotient électoral. Il a tenté de camper encore une fois le rôle de la victime, mais cette fois, les autres formations ont très tôt vu dans son jeu et n’ont pas réagi. Ils ont laissé aux institutions le soin de trancher ce débat. Pour l’heure, le parti islamiste planche sur un autre chantier, bien plus problématique: comment choisir ses candidats. Il y consacre la session de son conseil national qui se tient ce week-end.
Dans tous les cas, les programmes des partis politiques ne devraient pas faire l’impasse sur plusieurs chantiers déjà lancés ou en cours de lancement et dont la plupart s’étaleront sur tout le mandat du prochain gouvernement, sinon au delà, souligne La Vie éco. Le plan de relance économique, adossé à un fonds souverain qui vient d’être créé, accompagnera le secteur économique pour sa sortie de crise. Génération Green, qui s’étend jusqu’à 2030, a pour ambition de transformer le monde rural. La couverture sociale et médicale universelle sera généralisée d’ici cinq ans. La réforme de l’enseignement est en cours et s’étalera sur les quelques années à venir. Et bien sûr, le nouveau modèle de développement guidera l’action des gouvernements dans les années à venir.