Les syndicats les plus représentatifs de l’enseignement ont décidé de renverser la table et de tourner le dos au ministre de l’Education nationale, de la formation professionnelle et de la recherche scientifique. Une volte-face qui survient quelques jours après leur rencontre avec le secrétaire général de ce département. Cette réunion était, pourtant, consacrée à l’élaboration d’une nouvelle méthodologie pour mener le dialogue social dans ce secteur. Un objectif qui, apparemment, n’a pas été atteint puisque les partenaires sociaux ont appelé à une grève nationale pour le 20 février, grève qui sera suivie d’une marche de protestation à Rabat.
La Confédération démocratique du travail (CDT), la Fédération démocratique du travail (FDT) et la Fédération nationale de l’enseignement (Orientation démocratique) ont déclaré que leur participation à ce débrayage entrait dans le cadre du «Soutien à toutes les initiatives unionistes et militantes ainsi qu’aux protestations légitimes incarnées par un grand nombre de catégories d’enseignants».
Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du jeudi 7 février, que les syndicats de l’enseignement ont demandé au gouvernement d’El Othmani de régulariser la situation des enseignants de la «Cellule 9». Une appellation qui fait référence aux enseignants classés à l’échelle 9 où ils sont «incarcérés» depuis de nombreuses années. Le cahier revendicatif des syndicats est très épais et comprend la régularisation de la situation de plusieurs catégories d’enseignants dont ceux qui ont été obligés de prendre leur retraite, les victimes des deux systèmes, les diplômés, les enseignants stagiaires, les agents administratifs, les techniciens, etc.
Les syndicats demandent au ministère de l’Education de satisfaire les revendications de ces enseignants lésés auxquels il faut ajouter les docteurs, les ingénieurs, les inspecteurs et les cadres d’orientation et de planification. Les syndicats demandent, par ailleurs, la levée des restrictions qui vont à l’encontre du droit universel et constitutionnel de faire grève et de protester, et dénoncent le recours du gouvernement aux «moyens d’intimidation, à la ponction des salaires des grévistes et aux disgrâces qui visent les cadres éducatifs et administratifs.»
Les six syndicats les plus représentatifs ont opté pour cette escalade après l’échec de la rencontre avec le ministère de l’Education où il était, pourtant, question de tourner la page du désaccord et de décréter une «trêve» dans le secteur. Mais le ministre, Saïd Amzazi, s’est absenté au cours de cette réunion initiée par les syndicats afin de préparer la rencontre de communication avec les responsables de son département. Dans une précédente déclaration au journal Al Akhbar, le secrétaire général de la Fédération libre de l’éducation, Youssef Allakouch, avait indiqué que plusieurs dossiers litigieux, datant de plusieurs années, avaient été étudiés au cours de cette réunion.