Artisan du grand retour du Maroc en Afrique, le Roi Mohammed VI souhaite imprimer encore plus sa marque à ce choix politique, économique et culturel en proposant aux 23 pays du versant atlantique du continent un grand projet de développement.
La démarche, construite, fait d’abord appel à une expérience accumulée à travers les multiples voyages dans les pays africains, où il est apparu qu’il y a une sensibilité quant à la manière de proposer les partenariats. La forme a son importance. Elle doit s’éloigner de toute condescendance pour laisser place à un abord capable d’«inspirer, influencer et guider» pour obtenir l’adhésion et le meilleur des partenaires. Une approche privilégiant le leadership.
La fin de la deuxième mondialisation (crise de 2008) et les conséquences de la pandémie du Covid-19 ont signé le grand retour de l’océan Atlantique dans le commerce mondial, océan que nous pensions distancé à jamais par le Pacifique. Les relocalisations, la réindustrialisation de l’Europe et de l’Amérique du Nord au détriment de la Chine et d’un Japon à la population vieillissante vont revivifier les échanges entre pays riverains de l’Atlantique avec l’ajout de taille d’économies dynamiques de l’Afrique atlantique et de l’Amérique latine. La migration du centre du monde vers le Pacifique a été finalement de courte durée.
Le Maroc, instruit de ces profondes mutations géoéconomiques et géopolitiques, a pris l’initiative de proposer à ses partenaires africains bordés par l’océan Atlantique de prendre le train en marche afin de ne pas rater cette nouvelle opportunité et fédérer leurs moyens pour la construction d’un nouvel ensemble économique significatif dégageant stabilité, richesse et prospérité.
La nouvelle offre a l’avantage, par son caractère global, de donner une dimension et une cohérence autrement plus importantes aux projets structurants prévus (gazoduc Nigéria-Maroc, flotte de marine marchande) ou en cours de réalisation (Port Dakhla Atlantique, infrastructures), ainsi qu’à la présence de nos banques et de notre compagnie aérienne dans nombre de pays concernés par le projet, pour ne citer que ces cas. Il ne s’agit pas pour le Maroc de se servir uniquement, ce n’est pas dans sa culture solidaire, mais de mettre à la disposition de ses partenaires ses moyens pour dégager les synergies profitables à tous. Les pays du Sahel, ces grands oubliés du développement, sont aussi concernés, le Maroc leur propose de bénéficier de ses infrastructures modernes sur l’Atlantique au lieu d’aller jusqu’au Golfe de Guinée (Lagos, Douala) pour s’approvisionner ou exporter. La même proposition pourrait concerner d’autres pays du voisinage à condition qu’ils reviennent à de meilleures dispositions.
La proposition marocaine d’un ensemble atlantiste est d’autant plus crédible qu’elle épouse une vieille tradition atlantiste de la diplomatie marocaine. Initiée par Mohammed ben Abdallah, roi intellectuel et visionnaire, à la fin du XVIIIe siècle, elle a été adoptée en réponse à l’acharnement d’un voisinage espagnol au nord et ottoman à l’est. Voisinage vindicatif et revanchard (cf. Bataille de Oued El Makhazine). C’était une option atlantiste libératrice. Aujourd’hui, le Maroc est dans de meilleures dispositions, son atlantisme est un choix politique et de société voulu, que confirme sa proximité et convergence avec l’Occident, à sa tête les Etats-Unis d’Amérique, notre allié stratégique. Alliance qui n’est pas exclusive d’amitiés que nous développons avec d’autres pays membres du Conseil de sécurité (Chine et Russie). Nos choix atlantistes font désormais partie intégrante de notre doctrine de politique étrangère, comme notre attachement à notre intégrité territoriale, à la Méditerranée et à l’Afrique, ils nous donnent quelques longueurs et nos amis africains pourraient en profiter.
A nos partenaires africains concernés, nous n’allons pas présenter notre choix atlantiste construit, nos projets structurants, la mise à disposition de nos infrastructures et de notre logistique uniquement, le Roi Mohammed VI, dans son discours, a proposé de nouvelles pistes, où le Maroc dispose d’expertises et de références déjà, à développer ailleurs dans le domaine agricole, le dessalement de l’eau de mer, l’économie bleue, l’exploitation des ressources minières et énergétiques de l’océan, le tourisme..
Ce qui crédibilise encore plus la proposition marocaine d’un ensemble atlantiste est l’important effort de développement réalisé en moins de 50 ans dans nos provinces méridionales. Aujourd’hui, ces régions, récupérées en 1975 dans une situation de grand dénuement, sont un modèle de développement avec un PIB par habitant inégalé en Afrique du Nord et au Sahel. Sans prétentions, il n’y a qu’à comparer avec ce qui se réalise dans l’entourage.
Le retour de l’Atlantique comme grand espace d’échanges est un fait. Se préparer à en profiter participe d’une vision stratégique qui ne peut être que profitable pour les pays riverains.
Le Maroc à travers cette proposition est dans son rôle de leader (mobilisateur de forces) africain. Il traduit concrètement sa contribution positive de puissance régionale. Non pas arrogante et dominatrice, mais toujours respectueuse de la richesse culturelle et matérielle de ses partenaires.