Le gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani pourrait partir sans achever son mandat. C’est du moins ce qui ressort des agitations au sein des groupes parlementaires de l’opposition au parlement à l’occasion des débats et du vote sur le projet de loi sur l’usage légal du cannabis.
En effet, les parlementaires de l’opposition semblent décidés à lancer une motion de censure, comme le dispose l’article 105 de la Constitution. A ce propos, des réunions entre les leaders politiques des partis de l’opposition auraient déjà eu lieu pour débattre de l’idée de motion de censure, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du mardi 25 mai.
Le défi est lancé, mais reste conditionné par l’attitude des députés du PJD à la chambre des représentants. S’ils votent contre ledit projet, la machine de la motion de censure sera automatiquement lancée, affirment les sources du quotidien. Et de souligner que les groupes de l’opposition auraient la ferme intention de concrétiser l’article 105 de la Constitution et pourraient, par ailleurs, facilement mobiliser le cinquième des membres de la première chambre, soit 79 parlementaires, pour ouvrir le débat sur la motion de censure.
Ce serait une occasion de sanctionner politiquement le PJD qui conduit la coalition gouvernementale, sans tenir compte de l’aboutissement de cette motion. Car celle-ci nécessite le vote de la majorité absolue des membres de la première chambre du parlement pour forcer le gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani à déposer sa démission. Ce projet de motion de censure pourrait être soutenu par des voix de la majorité parlementaire.
Dans une déclaration au quotidien, un leader de la majorité n’a pas écarté la possibilité de rallier des députés du PJD pour voter en faveur de la motion de censure. Ces députés, précise la même source, «seraient en colère contre la majorité parlementaire et contre El Othmani en personne, estimant qu’il est temps d’arrêter la mascarade de ce gouvernement toujours en crise, de dissoudre le parlement et de former un gouvernement d’union nationale ou un gouvernement de compétence réduite jusqu’à l’organisation des élections législatives le 8 septembre prochain».
Depuis le dernier remaniement ministériel, fait remarquer le quotidien, les tiraillements au sein du gouvernement se sont accentués, provoquant le retrait du PPS du navire gouvernemental et la suspension des réunions de la majorité depuis 2018. S’ajoute à cela l’échec du gouvernement à mettre en place une mouture du nouveau modèle de développement après deux réunions émaillées par l’échange d’accusations entre des leaders du PJD et ceux de l’USFP.
De même, d’autres projets dans le circuit législatif ont accentué la crise comme les désaccords sur le projet de loi-cadre sur l’éducation ou l’abandon du projet du code pénal. Les mêmes sources ajoutent que l’opposition avait demandé au chef du gouvernement d’activer l’article 103 de la Constitution afin de solliciter un vote de confiance, après le vote en faveur de l’amendement du calcul du quotient électoral et de l’abandon du seuil, ou de déposer sa démission. Mais le chef du gouvernement a refusé, arguant qu’en dépit des désaccords au sein de sa majorité, son gouvernement reste solide. Ce refus a poussé l’opposition à brandir la carte de la motion de censure.