Des mineures forcées de quitter l’école… pour être mariées

Bien que la loi l’encadre strictement et que les tribunaux refusent la majorité des requêtes, le mariage des filles mineures poursuit son expansion, particulièrement dans les zones rurales.. DR

Revue de presseMalgré les restrictions légales et le rejet de la plupart des demandes par les tribunaux, le mariage des filles mineures continue de se répandre, notamment dans les zones rurales. Entre pressions familiales et interruptions scolaires, la société marocaine est confrontée à une problématique qui touche à la fois les droits des enfants et l’avenir éducatif des jeunes filles. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 25/11/2025 à 20h26

Malgré le caractère exceptionnel des autorisations de mariage des mineures, les requêtes continuent d’affluer chaque année devant les tribunaux. Dans de nombreuses familles, en particulier dans les zones rurales, ces unions restent socialement acceptées et ne suscitent aucun embarras. «Cette situation a des conséquences directes sur l’éducation des jeunes filles», alerte le quotidien Assabah dans son édition du mercredi 26 novembre. Un nombre important abandonne l’école, certaines immédiatement après leurs fiançailles, d’autres interrompent leurs études en prévision du mariage, souvent avant même de terminer le secondaire, contribuant ainsi à l’augmentation du décrochage scolaire.

Face à ce constat, le ministère de l’Éducation a décidé de s’impliquer activement pour lutter contre cette pratique. «Des circulaires ont été adressées aux académies et directions provinciales, les invitant à mobiliser tous les moyens à leur disposition afin de sensibiliser les élèves et leurs familles sur l’importance de poursuivre la scolarité», lit-on dans Assabah. Les directeurs d’établissement ont récemment reçu des instructions pour organiser des campagnes de sensibilisation au sein des écoles, axées sur la prévention du mariage des mineures et la lutte contre la violence en milieu scolaire, avec l’obligation de faire remonter des rapports à leurs directions régionales.

Le débat autour du mariage des mineures s’est intensifié ces derniers jours, notamment à la suite de rumeurs largement diffusées et finalement démenties par le parquet, qui prétendaient qu’une fillette aurait été contrainte d’épouser un homme beaucoup plus âgé. Dans le même temps, plusieurs acteurs civils et défenseurs des droits humains ont lancé une pétition nationale officielle, destinée à être présentée à la Commission royale chargée de la révision du Code de la famille. Cette initiative appelle à l’abolition totale du mariage des mineures, sans exception, et à l’adoption d’une réforme législative stricte, en adéquation avec la Constitution, les conventions internationales et l’évolution sociale que connaît le Maroc.

Les données officielles viennent renforcer la pertinence de cette démarche. En 2024, quelques16.985 demandes de mariage de mineures ont été enregistrées, dont 10.691 ont reçu l’aval des tribunaux, soit un taux d’acceptation de 63%. Entre 2022 et 2024, les tribunaux marocains ont reçu des milliers de requêtes chaque année, révélant non seulement la persistance de cette pratique, mais aussi la vulnérabilité de cette catégorie de population, ainsi que l’augmentation des divorces parmi les jeunes épouses. La pétition souligne que l’autorisation judiciaire permettant le mariage des filles de moins de 18 ans constitue une faille légale qui compromet la protection des mineures et contredit les engagements internationaux du Maroc.

Par La Rédaction
Le 25/11/2025 à 20h26