Déjà condamné, le député Driss Radi fait face à de nouvelles accusations

Driss Radi.

Driss Radi. . DR

Revue de presseDriss Radi, figure déchue de l’Union constitutionnelle, a été entendu par le juge d’instruction de Kénitra dans une affaire explosive où il est accusé d’avoir orchestré la mise en scène d’un crime pour faire tomber un rival politique à Sidi Slimane. Entre enregistrements audio compromettants, guerre d’influence locale et destitutions en série, le dossier révèle les dessous d’un affrontement féroce au sein d’une certaine classe politique. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 23/11/2025 à 19h41

Le juge d’instruction près la Cour d’appel de Kénitra a interrogé, au milieu de la semaine dernière, Driss Radi, ancien dirigeant du parti de l’Union constitutionnelle et ex-président de ses groupes parlementaires à la Chambre des représentants et à la Chambre des conseillers. «Radi est poursuivi dans une affaire d’accusations portées contre lui par l’ancien président du conseil provincial de Sidi Slimane, qui l’accuse de lui avoir fabriqué de toutes pièces des crimes, notamment en plaçant de la drogue et une arme à feu dans une voiture immatriculée à son nom», rapporte le quotidien Assabah dans son édition du lundi 24 novembre.

Le juge d’instruction a accédé à la demande de la défense du plaignant en convoquant Driss Radi, après que les autorités ont interdit au fils de ce dernier de quitter le territoire. Le jeune Radi avait été destitué de son mandat parlementaire par la Cour constitutionnelle pour la circonscription de Sidi Slimane et pour sa fonction au sein de la commune urbaine. La même décision avait été prise contre un conseiller communal de la circonscription de Ksibia, dans la même province. L’enquête a également concerné le président actuel de la municipalité de Sidi Yahya El Gharb dans le cadre du même dossier.

«L’affaire laisse présager de nouveaux rebondissements, aucune information n’ayant filtré sur le contenu des déclarations faites par l’ancien cacique du parti, longtemps pressenti pour prendre la direction de l’Union constitutionnelle», écrit Assabah. L’un des avocats du plaignant s’est limité à affirmer que «la vérité triomphera», évoquant un Maroc qui «a beaucoup changé» sans s’étendre davantage sur les propos tenus par Radi au cours de son audition. «Les investigations techniques et de terrain avaient duré deux ans, après la saisie d’une voiture de marque Dacia, enregistrée au nom de l’ancien président du conseil provincial, dans laquelle avaient été découverts une arme à feu non déclarée, une quantité de comprimés psychotropes, des câbles en cuivre et une somme en euros», note Assabah.

L’ancien président du conseil provincial avait déposé une nouvelle plainte le 17 septembre dernier, après avoir mis la main sur un enregistrement audio dans lequel le fils de Driss Radi, ex-député, discute avec le président de la municipalité de Sidi Yahya d’un projet visant à régler des comptes avec le plaignant. Ce dernier avait lui-même été destitué de la présidence du conseil provincial après avoir été condamné à dix ans de prison ferme pour une autre affaire criminelle portant sur le vol de bétail, de câbles en cuivre et une escroquerie impliquant des euros.

Dans les détails, le président du conseil provincial, membre de l’Union constitutionnelle, affirme que les trois mis en cause avaient tenté de lui tendre un piège en plaçant dans sa voiture l’arme à feu, les comprimés stupéfiants, les câbles de cuivre et de faux documents, dans le but de le conduire devant la justice et en prison. Il soutient qu’un important élu de la région n’avait pas accepté la nouvelle carte politique issue des élections de 2021 et qu’il avait alors décidé de lui tendre un guet-apens mûrement préparé pour se venger.

Ces «manigances» seraient intervenues après que Mohamed Joudar, secrétaire général de l’Union constitutionnelle, a nommé l’ancien président du conseil provincial comme coordinateur du parti à Sidi Slimane, en remplacement du fils Radi. Cette décision avait suivi la destitution de ce dernier et l’attribution de l’investiture du parti à la sœur de l’ancien président du conseil provincial, qui s’était réfugié en France. Cette dernière avait remporté plus de 27.000 voix et obtenu le siège parlementaire laissé vacant par le député déchu, condamné à une peine d’un an de prison ferme par la Cour d’appel de Rabat.

Le président destitué avait expliqué, lors d’une précédente audition, qu’il avait vendu la Dacia à un conseiller communal de Ksibia, lequel n’avait pas encore finalisé la procédure de transfert de la carte grise. Il avait décrit l’ensemble des événements comme un scénario conçu pour provoquer sa chute. Le parquet de Meknès n’avait pas engagé de poursuites contre lui, après qu’il eut présenté des attestations de collègues prouvant qu’il travaillait le jour où la voiture chargée de drogue, d’une arme et de câbles avait été saisie.

Après avoir déposé une plainte contre X, l’ancien président avait poursuivi ses démarches jusqu’à l’obtention de l’enregistrement audio, début du mois dernier. Il avait alors déposé une plainte supplémentaire, qui a déclenché une nouvelle vague d’auditions.

Par La Rédaction
Le 23/11/2025 à 19h41