Défense et armement: les grandes ambitions industrielles du Royaume

Un officier des Forces armées royales déployant un drone SpyX du constructeur BlueBird Aero Systems.

Revue de presseModernisation, production locale, transfert de technologie… Le Royaume mise sur une stratégie de défense ambitieuse et intégrée pour renforcer sa souveraineté militaire, tout en jetant les bases d’une véritable industrie nationale de l’armement. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 29/07/2025 à 18h20

En 2025, les Forces armées royales (FAR) ont franchi une étape décisive dans leur stratégie de modernisation. Le sujet a fait l’objet d’une analyse approfondie dans le cadre d’un spécial Fête du Trône du quotidien Al Ahdath Al Maghribia, édition du mercredi 30 juillet.

C’est ainsi que l’armée marocaine a réceptionné la première flotte d’hélicoptères d’attaque Apache AH-64, symbole d’un saut capacitaire qui vise à doter le Royaume d’équipements de pointe à l’efficacité éprouvée sur le terrain.

Cette montée en puissance s’appuie sur une combinaison de systèmes aériens avancés, à commencer par les drones turcs Bayraktar Akinci TB2, qui offrent au Royaume une capacité de surveillance et de frappe à longue distance grâce à une autonomie de plus de 40 heures et une portée de 7.500 km. Ces appareils viendront épauler les Apache AH-64 et une flotte de chasseurs F-16 Block 70/72, renforçant ainsi la maîtrise de l’espace aérien national face à toute menace potentielle.

Dans le même élan, les FAR modernisent leur flotte de transport aérien. Un programme de mise à niveau des avions C-130 Hercules a été lancé en partenariat avec l’américain L3Harris Technologies, pour renforcer les capacités logistiques et le soutien opérationnel. Au sol, l’armée marocaine se dote progressivement de pièces d’artillerie lourde, comme les canons Caesar français et les systèmes Atmos 2000 israéliens, tandis que la livraison des lance-roquettes américains HIMARS est attendue. Un arsenal diversifié qui traduit une volonté d’adapter la doctrine militaire aux défis sécuritaires contemporains, a-t-on écrit.

Avec plus de 3.500 km de côtes, le Royaume entend également muscler sa puissance maritime et développer une unité spécialisée dans la cybersécurité, capable de contrer d’éventuelles attaques numériques. Objectif: garantir une défense multidimensionnelle couvrant terre, mer, air et espace numérique.

L’ambition marocaine ne se limite pas à l’achat de matériel. Le Royaume accélère la construction d’une industrie de défense nationale. Preuve en est l’installation d’une usine de production et de maintenance des drones Baykar turcs.

Le nouveau site, exploité par Atlas Defense, filiale marocaine de Baykar créée avec un capital de 2,5 millions de dirhams et enregistrée à Rabat en décembre 2024, marquera une étape dans le transfert de technologie et la montée en compétences locales. Selon le Bulletin officiel du 29 janvier 2025, la société aura pour missions la conception, la fabrication, la maintenance et la vente de drones et de composants stratégiques.

En parallèle, le Royaume avance sur le segment des véhicules blindés, écrit Al Ahdath Al Maghribia. Une alliance stratégique a été scellée entre l’Administration de la Défense nationale et l’indien Tata Advanced Systems pour produire localement le véhicule de combat WhAP 8x8, développé par l’agence indienne de recherche militaire DRDO. L’usine, installée dans le Royaume, livrera ces blindés au cours des 36 prochains mois, avec un taux d’intégration locale qui devrait atteindre 50% à terme, créant près de 90 emplois directs et 250 indirects.

Pour structurer cette dynamique, un nouveau gestionnaire baptisé Société de gestion des zones industrielles de défense a été créé par l’Agence marocaine pour le logement et l’équipement militaires (ALEM) et MEDZ, filiale de la CDG. Cette société sera chargée de développer, aménager et promouvoir des zones industrielles réservées aux industries de défense.

Le projet, validé officiellement en juin 2025, découle d’une convention signée en novembre 2023 entre plusieurs ministères et institutions publiques. Cette stratégie est soutenue par un cadre légal inédit. Depuis juillet 2020, une loi autorise la production locale d’armes et d’équipements de défense, ainsi que leur exportation. Un signal fort pour asseoir une autonomie technologique et réduire la dépendance aux importations, a-t-on encore libellé.

Lors d’une session parlementaire en novembre 2023, le ministre délégué chargé de l’Administration de la Défense nationale, Abdellatif Loudiyi, a confirmé l’engagement du Royaume à développer une industrie militaire nationale, notamment dans le domaine des drones. Pour concrétiser ces ambitions, le Royaume a porté son budget de défense à plus de 133 milliards de dirhams pour 2025. Cette enveloppe couvre l’acquisition et la modernisation des équipements, le soutien à la production locale et la revalorisation des salaires des militaires, comme le stipulent deux projets de décrets, adoptés récemment.

Par La Rédaction
Le 29/07/2025 à 18h20