Le dernier rapport de la Cour des comptes ne passe décidément pas dans certaines institutions ciblées par les critiques des magistrats. C’est le cas par exemple de l’administration pénitentiaire, dont le patron a réagi vigoureusement au document.
Dans son édition du mercredi 18 septembre, Al Massae rapporte que Mohamed Saleh Tamek, Délégué général de l’administration pénitentiaire et à la réinsertion, a ainsi créé un précédent en adressant une lettre incendiaire au président de la Cour des comptes, Driss Jettou, où il accuse l’institution de donner l’impression que la corruption et l’irresponsabilité sont les maîtres mots au sein de l’administration publique. Selon Al Massae, cette lettre de Tamek témoigne de fortes tensions entre la Délégation générale de l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) et la Cour des comptes.
La même source détaille les critiques adressées à cette dernière. Ainsi, la lettre souligne que le dernier rapport des magistrats de la Cour des comptes n’aurait pas repris l’ensemble des explications qui leur ont été fournies par la DGAPR suite aux remarques relevées. Par exemple, ajoute le journal, la lettre de Tamek souligne la mention où il est rapporté dans le document de la Cour des comptes que le Délégué général n’a pas daigné répondre aux remarques qui lui ont été notifiées, sachant que ce dernier affirme y avoir répondu dans un écrit datant de septembre 2017.
Dans le même sens, la DGAPR reproche à la Cour des comptes de s’être focalisée sur les dysfonctionnements dont souffre cette administration, mais sans faire mention des points positifs qui la distinguent. Al Massae évoque également, dans le rapport, des contradictions qui ont été soulignées dans la lettre de la DGAPR. En exemple, il est cité la remarque relative à la nécessité d’héberger les personnes en détention provisoire dans des cellules isolées, ce qui est en contradiction avec les dispositions réglementaires. Dans son argumentaire, la DGAPR cite à cet effet un article qui permet à la DGAPR de rassembler les prisonniers en cas de surpeuplement de la prison. Or, tout le monde connaît la réalité des prisons marocaines qui accueillent bien plus de prisonniers que leurs capacités ne le leur permettent.
Quoi qu’il en soit, cette lettre de la DGAPR crée un précédent dans la manière avec laquelle les administrations publiques réagissent aux rapports de la Cour des comptes qui les incriminent. Et une chose est sûre: cette réaction est une preuve que les documents de l’institution présidée par Driss Jettou dérangent.