Des médias mauritaniens rapportent que plusieurs colonnes de voitures ont été vues quittant les camps de Tindouf vers une destination inconnue. Selon les mêmes sources, des éléments du Polisario avaient entrepris d’enregistrer les noms des partants en laissant croire qu’ils les autorisaient à rejoindre les prétendus «territoires occupés». Or, précisent les médias mauritaniens, près de 96% des passagers des 1.500 voitures qui quittaient les camps comptaient se diriger vers le nord de la Mauritanie. Les séquestrés de Tindouf devaient rejoindre les wilayas de Tiris Zemmour et Adrar, avant de se rendre dans la wilaya de Dakhlet Nouadhibou. Cet exode massif inquiète les autorités mauritaniennes qui assistent, depuis quelque temps, à une vague sans précédent de Sahraouis en provenance des camps de Tindouf.
D’ailleurs, les autorités mauritaniennes se déploient jour et nuit pour empêcher l’entrée des réfugiés, dans le cadre des mesures prises pour lutter contre la propagation du coronavirus. Une lutte exigeant la fermeture des frontières. Les responsables de la ville de Zouerate ont dû refouler, dans la zone tampon, deux familles interpellées aux abords de la ville de Bir Oum Grein. Deux femmes qui essayaient, avec leurs enfants, de regagner clandestinement la ville de Zouerate, ont également dû rebrousser chemin.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia souligne, dans son édition du jeudi 30 avril, que cette migration massive coïncide avec la création d’un mouvement d’opposition contre le Polisario, dont la direction est de plus en plus atomisée. Ce mouvement est composé d’une centaine de cadres, d’officiers, d’anciens grands responsables du Polisario, d’étudiants et de militants des droits de l’Homme. Les opposants ont décidé de se constituer en mouvement politique indépendant, sous le nom de «Mouvement sahraoui pour la paix (MSP)».
Dans un communiqué, le MSP précise que ce mouvement comprend des représentants de la société sahraouie de l’intérieur et de l’extérieur, ainsi que des habitants des camps de Tindouf et des membres de «L’initiative sahraouie pour le changement». Considérant le MSP comme une menace, la direction du Polisario a mobilisé ses milices armées et ses indicateurs pour pourchasser et persécuter tous ceux qui soutiennent ce nouveau mouvement d’opposition. Et c’est pour fuir ce climat de tension et de harcèlement que de nombreux séquestrés de Tindouf ont décidé de s’évader vers des cieux plus cléments, bravant tous les dangers.