Le fait de porter les orientations stratégiques de la politique actionnariale de l’État à l’ordre du jour du Conseil des ministres présidé hier, samedi 1er juin 2024, par le Roi Mohammed VI au palais royal de Casablanca, est significatif de leur caractère stratégique, qui dépasse les enjeux électoraux et les mandats gouvernementaux, écrit l’éditorialiste d’Al Akhbar de ce lundi 3 juin.
Il s’agit, selon le quotidien, d’adapter les politiques menées par l’État via ses prises de participation actionnariales dans les Entreprises et établissements publics (EEP) en tant que facteurs endogènes d’une politique générale bénéficiant quant à elle d’une attention particulière de la part de l’institution royale.
Cette politique doit ainsi réinventer les fonctions de l’État, pour que les EEP ne deviennent pas un lourd fardeau qui se retrouverait à épuiser le budget de l’État.
Au contraire, cette politique devrait mener, explique l’éditorialiste d’Al Akhbar, à l’aboutissement d’un mécanisme institutionnel à même de catalyser le cycle économique, afin d’en faire une source de création de richesses, y compris par l’instauration de nouveaux partenariats avec des acteurs du secteur privé, marocains et étrangers.
La vision royale se fixe donc pour but de s’éloigner le plus possible de l’idée d’un «État gendarme» qui se bornerait à limiter ses interventions à des pouvoirs régaliens et à des prérogatives politiques.
Cette vision vise simultanément à s’éloigner d’une formule toute faite d’«État providence», pour inventer un nouvel «État stratégique», s’appuyant sur les compétences développées par le secteur public, ainsi que sur des EEP «rationnels, précurseurs, compétitifs, producteurs et ouverts sur les initiatives privées», écrit l’éditorialiste d’Al Akhbar.
L’idée, ajoute-t-il, est de rationaliser l’actionnariat de l’État, quand la réforme des établissements publics est très ancienne.
Cette préoccupation a été présente dans différents discours de feu le Roi Hassan II, et a été l’un des paris initiés et mis en œuvre par le premier gouvernement d’alternance, en 1997.
Cette idée revient aujourd’hui en force, avec encore plus de sérieux et dans un contexte différent, loin d’approches purement idéologiques ou strictement politiques, afin d’être plus ancrée dans les fonctions dévolues au Roi, ainsi qu’à ce domaine stratégique qui a pour but de réformer les investissements publics et de repenser la rationalisation de la gestion du portefeuille de l’État.
L’objectif de la gestion de l’actionnariat de l’État dans les EEP est donc une question centrale dans le mode de gouvernance du secteur public, car elle renforce les fonctions stratégiques d’un État vigilant, et offre de nouvelles initiatives qui permettent de se garder des calcifications bureaucratiques.