La direction du Polisario n’a jamais été plus aux abois qu’aujourd’hui, à la veille de la tenue de son 15è congrès prévu pour la période comprise entre le 19 et le 23 décembre. L’opposition interne, ainsi que les associations de la société civile, ont clairement annoncé qu’ils ne participeraient pas à ce congrès afin, disent-ils, de ne pas valider une direction corrompue et illégitime. Les informations en provenance des camps de Tindouf indiquent que les taupes au sein de la population sont devenues hystériques après avoir échoué à mobiliser les gens. Les activistes estiment, via les réseaux sociaux, que le boycott de ce congrès répond à la tension que connaissent les camps, ces derniers mois.
Les confrontations entre les séquestrés et la direction des séparatistes, ajoutent-ils, ne peuvent engendrer que la répulsion, le boycott et la révolte. Pour parer à cette répugnance généralisée et afin d’amadouer les boycotteurs, les polisariens ont poussé l’effronterie jusqu’à défier la communauté internationale. Ils ont, en effet, décidé de tenir ce congrès à Tifariti, une localité située dans la zone tampon, en violation de l’accord de cessez-le-feu et des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Les opposants considèrent que la tenue de ce soi-disant congrès extraordinaire dans cette zone interdite survient suite à l’échec de la menace d’une guerre contre le Maroc. L’objectif des séparatistes étant essentiellement de désamorcer la crise interne en usant de sédatifs conjoncturels. Car, ajoutent les mêmes intervenants, un congrès qui exclut tous les acteurs et les jeunes dirigeants est, assurément, voué à l’échec.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du jeudi 28 novembre, que la décision de tenir ce congrès a été prise par le Polisario après avoir reçu le feu vert de l’Algérie. Comble de l’ironie, les généraux qui essayent de sortir les séparatistes du tunnel sont, eux-mêmes, confrontés à une contestation populaire inédite qui dure depuis des mois. Le peuple algérien, tout comme les séquestrés de Tindouf, refusent toute élection qui reconduirait un même régime militaire et un même groupe armé aussi bien à Alger que dans les camps de Tindouf. Les observateurs considèrent que la direction des séparatistes joue sa dernière carte en choisissant d’organiser ce congrès dans une localité située à l’Est du dispositif de sécurité au Sahara marocain. Le gouvernement marocain avait auparavant considéré que le déplacement des séparatistes dans la zone tampon du Sahara marocain constituait un affront à la communauté internationale et aux résolutions du conseil de sécurité.
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un rapport qu’il a présenté au conseil de sécurité, a exprimé ses inquiétudes quant à la «probabilité d’un regain de tension entre les deux parties, suite au retour des éléments du Polisario dans la zone de Guergarate». Le même rapport souligne que «le déplacement des installations administratives et militaires du Polisario de Tindouf vers la zone située à l’Est du mur de sécurité serait inacceptable et illégal».