Son séjour médical en Espagne devait initialement s’achever comme il avait débuté, en secret, surtout vis-à-vis du Maroc. Il n’a finalement pu se terminer que sous des conditions imposées par le Royaume, malgré la grave crise qu’il a provoquée entre les deux pays. Brahim Ghali a quitté l’Espagne cette semaine sans être inquiété, comme prévu avant le début de son séjour en Espagne où il faisait pourtant l’objet de plusieurs plaintes pour de graves crimes. Cela ne s’est cependant pas fait comme le souhaitaient le parrain et le sponsor officiel du Polisario, à savoir le régime algérien et ses complices en Espagne.
Dans son édition du lundi 7 juin, Al Ahdath Al Maghribia s'
intéresse au récit de 17 heures mouvementées ayant précédé la sortie de Brahim Ghali du territoire espagnol. Selon les informations rapportées par des médias ibériques et relayées par le quotidien arabophone, de nombreux et longs échanges entre les services diplomatiques de Rabat et de Madrid ont eu lieu durant ces heures. La cause, cet avion présidentiel affrété par Alger pour rapatrier Brahim Ghali.
Au regard de la grave crise qu’a fait naître son accueil secret en Espagne, Madrid a cette fois-ci choisi d’informer le Maroc du départ du séparatiste après sa «pseudo» audition par la justice espagnole. Cette dernière, comme le rappelle Al Ahdath Al Maghribia en reprenant les informations de médias locaux, n’était d’ailleurs pas prévue dans le plan initial de son séjour espagnol. C’est la raison pour laquelle l’avion présidentiel affrété par le régime algérien se trouvait déjà dans l’espace aérien espagnol avant l’heure prévue de l’audition. Le Maroc avait eu vent de ce qui se tramait dans les coulisses et a clairement fait savoir à l’Espagne que toute fuite de Brahim Ghali avant son rendez-vous avec la justice ne ferait qu’aggraver la crise entre les deux royaumes.
Selon Al Ahdath Al Maghribia, c’est en prenant très au sérieux ce message on ne peut plus clair de la diplomatie marocaine que le gouvernement espagnol a décidé d’informer le royaume qu’un avion était en route pour récupérer le criminel. Au début, la diplomatie marocaine a pris quelques minutes avant de réagir, ce qui a fait croire aux Espagnols que le Maroc était d’accord avec la manière dont Brahim Ghali allait être rapatrié vers Alger. Quelle ne fut alors leur surprise quand le Royaume a réagi et qu’ils ont découvert qu’il était au courant de la nature de cet avion, à savoir un aéronef présidentiel et médicalisé mis d’habitude à la disposition de la présidence de l’Algérie. Les diplomates marocains ont donc exprimé à leurs homologues espagnols leur refus catégorique d’un tel scénario qui équivaudrait à traiter Brahim Ghali tel un chef d’État. Deux heures après que l’avion était prêt, Madrid a donc dû prévenir Alger que l’opération était annulée.
Selon les sources d’un média espagnol cité par Al Ahdath Al Maghribia, du moment que cet avion n’était pas autorisé à voler au-dessus de l’Espagne, le ministère local des Affaires étrangères n’avait plus son mot à dire et le dossier passait entre les mains de l’armée de l’air. A ce moment-là, c’était l’attentisme partout pour connaître le sort de cet avion, y compris au sein de l’OTAN qui suivait de près le déroulé des faits depuis une base espagnole.
Finalement, aucune intervention militaire n’a eu lieu et l’avion a rebroussé chemin. Cependant, la diplomatie espagnole devait encore trouver le moyen de faire sortir Brahim Ghali sans pour autant aggraver la crise avec le Maroc. Elle a donc sollicité l’envoi d’un avion civil médicalisé par Alger, mais cette dernière a fait savoir qu’elle n’en disposait pas. C’est alors que l’option d’un recours à une entreprise privée spécialisée dans ce genre de prestations a émergé. Alors qu’initialement, c’était une entreprise espagnole qui avait les faveurs des principaux protagonistes de ce plan de sortie, c’est finalement un opérateur français qui a été choisi. Le Maroc ne s’y est alors pas opposé, mais a tout de même demandé à ce qu’aucun protocole durant lequel le chef des séparatistes serait salué par des officiels espagnols n’ait lieu.
C’est donc ainsi qu’a quitté Brahim Ghali l’Espagne, comme l’aurait fait un « expulsé », après être rentré dans le pays en présentant un vrai-faux passeport de la diplomatie algérienne. Mais il a laissé derrière lui une grave crise entre le Maroc et l’Espagne, ainsi que plusieurs questionnements sur qui a supporté le coût de toutes ces opérations. En effet, certaines sources des médias espagnols démentent la version officielle selon laquelle c’est le Trésor algérien qui a dû régler l’entreprise qui a rapatrié Brahim Ghali. Pour elles, c’est bien le contribuable espagnol qui a payé pour le voyage médicalisé d’une personne pourtant sous le coup d’une procédure judiciaire, vers Alger.