L’ex-officier marocain des FAR, Mustapha Adib, qui vit actuellement aux Etats-Unis, reconnaît avoir collaboré avec les services de renseignement français, ainsi qu’avec des officiers de l’armée française. Il affirme avoir conclu un marché avec les «Services» afin de faire des déclarations hostiles au Maroc à partir de la chaîne française «France 24», et ce au moment où la crise diplomatique battait son plein entre le Maroc et la France, en 2014. Dans un post publié sur son compte Facebook intitulé «Pour révéler quelques secrets et comprendre comment agit la France», il révèle que ses passages sur France 24 n’étaient ni fortuits, ni dus à l’indépendance de cette chaîne. Et de préciser qu’il avait conclu un contrat avec des responsables de haut niveau dans les renseignements français.«Je savais que tout ce qui se passait entre moi et les services de renseignement français allait parvenir à la partie marocaine», ajoute l'ex-officier. Et de réaffirmer que «France 24» n’est pas une chaîne indépendante et que, par ailleurs, il avait exigé que «la collaboration et la coordination avec les services reste secrète et demeure dans le cadre d’une mission de sécurité interne de la France. Je leur ai demandé qu’aucune tierce partie ne soit mise au courant du deal, particulièrement le Maroc. Je leur ai dit textuellement que cette collaboration devait être séparée du reste de leurs missions».
Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du vendredi 8 février, que Adib a divulgué certaines informations sur ses relations avec les renseignements français. «Je ne suis pas un espion, ni un de leurs fonctionnaires pour recevoir des instructions sans les discuter. Je ne suis qu’un simple citoyen dont la France avait besoin dans une affaire qui touche à sa sécurité intérieure et il était de mon devoir de répondre à son appel», a-t-il déclaré. Apparemment, Adib semble ne pas apprécier que les services de l’hexagone l’aient utilisé comme un espion. C’est pour cela qu’il veut à tout prix se débarrasser de ce titre, même si tout ce qu’il dit se retourne contre lui: «En plus je possède une formation d’officier et non pas d’espion. J’ai un grande capacité de réflexion, d’analyse et de prise de décisions. Je suis capable de prendre des initiatives pertinentes et de participer à la prise de décision. Je n’ai pas accepté et je n’accepterai jamais que l’on essaye de se jouer de ma personne».
Décidément, Mustapha Adib est extrêmement dépité par les tours que lui ont joués les renseignements français. Pourtant, dit-il, de hauts responsables lui ont promis que «les renseignements marocains ne sauraient jamais la nature de cette collaboration. Sauf que cette «coopération» est passée d’une mission de sécurité intérieure française à une relation qui garantit mon activité en tant que militant de droit de l’homme et opposant sur le territoire français. Sans oublier que je devais surveiller des activités illégales des services marocains sur le territoire français». Adib n’en démord pas en révélant, sur son compte Facebook, que les services français considèrent les Marocains comme des «indics» et non pas comme des gens qui prennent des initiatives. Il finit par avouer qu’on a lui demandé de devenir un espion à leur solde. «Ils ne trouvaient aucun embarras à me le demander, comme si tous les Marocains étaient prêts à le faire volontairement. Mieux encore, il m’ont demandé d’implanter un espion électronique dans l’ordinateur d’un ami, mais j’ai refusé», confie-t-il.
Et, comme pour se contredire davantage, il menace de donner les noms des collaborateurs marocains des services français. Il va même jusqu’à affirmer que 90% de leurs collaborateurs sont des Marocains qui travaillent dans des lieux très sensibles. Puis il revient sur son passage à « France 24 » qui s’est fait, répète-t-il, avec la coordination des services, avant qu’il ne lui soit interdit de s’y produire, suite à une protestation officielle du Maroc. C’était au moment du déclenchement de la crise diplomatique entre le Maroc et la France, époque à laquelle Adib s’était introduit dans l’hôpital où se trouvait le défunt Général Abdelaziz Bennani, qu'il a insulté.
Le royaume avait alors dénoncé, vigoureusement et de manière officielle, cette agression. Le directeur de la DGED, Yassine Mansouri, avait reçu l’ambassadeur de France à Rabat, Charles Frey, auquel il exprimé le vif mécontentement du Maroc suite à ce qui était arrivé au Général Abdelaziz Bennani, qui était hospitalisé dans l’hôpital parisien. L’ambassadeur du Maroc en France, Chakib Benmoussa, a de son côté dénoncé ce comportement auprès du ministère français des Affaires étrangères. Les autorités marocaines ont considéré ce comportement comme «un acte très grave de par sa nature provocatrice et humiliante envers une personnalité marocaine de haut rang qui se soignait dans un hôpital militaire en France. Ce comportement inacceptable s’ajoute à un grand nombre d’incidents qui ont émaillé, ces derniers mois, les relations maroco-francaises. Lesquels incidents pourraient compliquer les efforts en cours pour normaliser les relations bilatérales entre nos deux pays».
L’ambassadeur Benmoussa s’est interrogé sur la mansuétude accordée à certaines personnes connues par leurs antécédents. Une attitude qui ne peut qu’affecter négativement les relations maroco-françaises. La crise entre le Maroc et la France s’est déclenchée quand le président de la Chambre des représentants, Habib El Malki, a été convoqué par la justice française. Une convocation qui faisait suite à une plainte déposée par ce même Adib contre quatre journalistes marocains qu’il accusait de diffamation pour un article publié en 2014. Il s’agissait de Naïm Kamal, Narjis Raghaye, Jamal Berraoui et le fils de Kamal Lahlou. Le ministère marocain de la Justice avait rapidement réagi en convoquant le juge de liaison attaché à l’ambassade de France à Rabat. Les responsables de ce département ont exprimé leur étonnement devant cette convocation directe de citoyens marocains par la justice française. Le département de la justice a considéré cet acte comme une violation de l’accord de coopération judiciaire entre les deux pays. Lequel accord stipule que toute convocation doit nécessairement passer par la voie diplomatique, à travers le ministère de la Justice.