Classement de l’affaire Moumni: les faux arguments de l’avocate de l’ex-boxeur

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En guise d’explication au verdict rendu par le parquet de Paris, classant sans suite la plainte de Zakaria Moumni contre Abdellatif Hammouchi, l’avocate de l’ex-boxeur franco-marocain, Clémente Bectarte, invoque des alibis qui feraient rire les politiques français.

Le 21/07/2016 à 09h18

L’avocate de Zakaria Moumni trouve à redire sur le verdict rendu par le parquet de Paris qui a classé sans suite la plainte déposée en février 2014 par l’ex-boxeur franco-marocain contre Abdellatif Hammouchi, alors directeur de la DGST.

Dans une déclaration à l’agence Reuters, Clémence Bectarte, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, s’est d’abord dite «déçue» que la plainte de son client ait été déclarée «irrecevable» par le Parquet de Paris. Venant d’un avocat ayant perdu un procès, quoi de plus normal. Mais ce qui ne l’est pas, c’est «l’argumentaire» que Me Clémence Bectarte a avancé en guise d’explication au verdict de la justice française. «La plainte a été classée parce que la présence d’Abdellatif Hammouchi en France n’a pas été confirmée», a-t-elle argué.

Or, cet «argument» est irrecevable à tous points de vue. Abdellatif Hammouchi, comme plusieurs ministres français peuvent en témoigner, se trouvait à Rabat lorsque, dans l’après-midi du 20 février 2014, sept policiers français étaient venus remettre à la résidence de l’ambassadeur Chakib Benmoussa, à Neuilly-sur-Seine, une convocation adressée par le juge d’instruction Sabine Kheris, au directeur de la DGST. Hammouchi n’était plus sur les lieux, déjà reparti pour Rabat, et le majordome de la résidence a refusé de réceptionner le fameux papier bleu.

Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, savait que le directeur de la DGST marocaine n’était pas sur place au moment de la convocation. A l’évidence, il avait les moyens de le vérifier et l’aura fait à coup sûr. Pourquoi n’a-t-il pas jusqu’ici confirmé cette supposée présence, comme le prétend aujourd’hui Me Clémence Bectarte?

Mais passons, car Christiane Taubira, alors Garde des Sceaux, avait aussi les moyens de s’assurer de la présence ou non d’Abdellatif Hammouchi au moment où les policiers français étaient venus lui remettre ladite convocation. Pourquoi n’a-t-elle pas non plus attesté de cette prétendue présence du patron du contre-espionnage marocain à Paris?

Idem pour l’ex-ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. L’ancien chef de la diplomatie française était lui aussi en mesure d’avoir accès aux dossiers en rapport avec cette affaire.

Pourquoi alors alléguer une «non-confirmation de la présence» de Hammouchi en guise de «justification» au classement de la plainte de l’ex-boxeur franco-marocain? Est-ce l’effet de la perte d’une plainte quand bien même celle-ci suinte, comme l’a bien souligné la défense marocaine, «la diffamation, l’injure, les affirmations sans fondements et la médiatisation d’une affaire indûment exploitée par Moumni».

«J’ai toujours pensé que la plainte est dépourvue de tout fondement; elle n’était en fait qu’une tentative d’instrumentalisation de la justice à des fins étrangères à de prétendus actes de torture dont Moumni s’est dit mensongèrement victime», a déclaré à Le360 Me Yves Repiquet, avocat de la partie marocaine, vendredi 8 juillet. «Le classement sans suite de la plainte de Moumni par le parquet de Paris est la conséquence des investigations très complètes qui ont été conduites par la justice marocaine », a précisé Me Repiquet.

Quand la justice marocaine s’en mêle…

Le Parquet de Paris, après avoir en effet examiné attentivement le rapport très circonstancié et très complet qui a été établi par la justice marocaine et transmis à l’autorité judiciaire française, en application du nouvel accord d’entraide judiciaire signé le 31 janvier 2015, a décidé naturellement de classer sans suite la plainte de Zakaria Moumni. Les allégations de l’ancien boxeur, qui a dû mettre en berne ses ambitions sonnantes et trébuchantes -il avait sorti de son chapeau le projet d’une salle de sport et demandé à l’Etat marocain de lui remettre 4,9 millions d’euros (plus de 50 millions de dirhams !)-, n’ont évidemment pas résisté à l’épreuve des faits.

Si seulement Taline Moumni pouvait s’exprimer…

L’épouse de Zakaria Moumni, aujourd’hui séparée du boxeur, est parfaitement au courant des affabulations de son partenaire. Elle vient d’ailleurs de faire les frais de l’agressivité de son époux qui n’en est pas à son premier accès de violence. Taline est un témoin de l’intérieur des affabulations et montages à répétition de Zakaria Moumni. Elle a un rôle à jouer et doit avoir la force morale pour dire, au nom de la vérité, ce qu’elle sait sur les mensonges d’un monsieur qu’elle a défendu et qu’elle ne peut continuer de défendre sans porter atteinte à sa conscience.

Taline Moumni a sinon l’obligation, du moins le devoir d’éclairer l’opinion publique française sur une affaire certes aujourd’hui soldée par la justice française mais qui gagnerait mieux à être élucidée dans ses arcanes les plus saumâtres. Elle a vu de l’intérieur comment son époux a monté toute une affaire contre le directeur de la DGST. Et elle doit, aujourd’hui qu’elle porte, dans son âme et dans sa chair, les séquelles de l’agressivité de son conjoint, avoir le courage de dévoiler la face réelle de l’ancien boxeur. Son courage la grandira.

Par Ziad Alami
Le 21/07/2016 à 09h18