Ils étaient 20 membres du comité exécutif de l'Istiqlal alignés sur une même estrade et écoutant religieusement les interventions de Hamid Chabat, lors de la conférence de presse, tenue samedi, où le secrétaire général a annoncé le dépôt d'une plainte au nom du parti contre le chef du gouvernement. On se croyait dans une réunion du "Soviet suprem", a constaté un journaliste de Le360. Benkirane, selon l'Istiqlal, est passible d'un procès pour avoir fait état devant le Parlement, et sans citer personne nommément, d'un "transfert illégal de devises à l'étranger ainsi que de l'achat de deux appartements à Paris".
Dix membres du comité exécutif étaient assis à droite de Chabat, dont Karim Ghellab et Yasmina Baddou. L'ancienne ministre de la Santé et membre du comité exécutif est au centre d'une vive polémique au sujet des soupçons liés à l'achat de ces deux appartements à Paris. De l'autre côté, et sur la même ligne à gauche de Chabat, étaient assis gentiment Rahal Mekkaoui, ancien secrétaire général du ministère de la Santé, et Adil Benhamza, porte-parole du parti, qui n'a pas cessé de demander aux journalistes de ne pas poser de questions sortant du cadre de la conférence.
La com' version Chabat
Tout ce beau ce monde a laissé Chabat parler presque tout au long de cette conférence de presse. Yasmina Baddou, qui constitue pourtant un des principaux sujets de cette polémique, n'a pas eu le privilège de prendre la parole. C'est Hamid Chabat qui répondait à sa place à chaque fois qu'une question était destinée à l'ancienne ministre de la Santé, que ce soit sur son patrimoine ou sur l'affaire des vaccins. Un climat mélancolique régnait dans les tribunes. Du haut de son estrade, Chabat a qualifié de tous les maux le chef du gouvernement. "Ghouaniji, extrémiste, homme qui a besoin du vaccin de la fièvre aviaire, imposteur...", Chabat n'a rien oublié. "Le parti a décidé de poursuivre le chef du gouvernement car ses propos au Parlement, devant une institution nationale, sont graves. Il a parlé au public, devant les caméras. Il doit soit nous fournir la liste de ceux qui ont trafiqué, soit démissionner", a-t-il souligné.
L'Istiqlal accuse Benkirane de non dénonciation de crime et de non dénonciation de son auteur", a martelé Chabat qui semble avoir été dérangé, lors de cette conférence de presse, par deux questions en particulier. L'une portant sur le fait que Abdelilah Benkirane n'a prononcé à aucun moment ni le nom de l'Istiqlal ni celui de Yasmina Baddou. La seconde, posée par Le360, concernant les propos qu'il avait dernièrement tenus lors d'un meeting en accusant le PJD de recevoir un financement de l''Iran et de fournir une aide financière à "Bila Hawada", le mouvement contestataire au sein de l'Istiqlal. Chabat a répondu d'une manière évasive : "Entre leaders de partis, on peut échanger des propos durs, mais Benkirane est allé loin en accusant l'Istiqlal sous la Coupole".